Après une campagne électorale totalement amorphe, 24 millions d’électeurs Algériens étaient appelés à se rendre aux urnes le 12 juin 2021 pour élire leurs 407 députés à l’Assemblée Nationale Populaire (APN).
Le taux de participation étant très faible sur l’ensemble du territoire algérien, il avait été décidé de fermer les bureaux de vote à 20h00 au lieu de 19h00. Un délai suffisant pour les Généraux de bien bourrer les urnes afin que ce taux de participation atteigne les 30,20%.
Il faut le dire que ce cirque électoral a été rejeté par le mouvement du Hirak et une large partie de l’opposition mais aussi par la population Kabyle, le tout sur fond de répression tous azimuts.
Aussi, pour cette journée du 12 juin 2021, les Généraux algériens ont décidé de boucler la ville de Bejaia avec le positionnement de milliers de gendarmes au niveau des parcs communaux de ladite ville.
A noter que des bureaux de vote ont été fermés dans diverses communes de la Wilaya de Bouira et des émeutes ont été enregistrées à la ville de Haizer en Kabylie alors qu’à Tizi-Ouzou de très nombreux centres de vote ont été fermés pour des incidents de destructions. Dans de nombreuses autres villes, il a été constaté que des bureaux de vote, dont ceux d’Alger et de Boumerdes, ont été fermés par les citoyens, les urnes détruites et les bulletins de vote jetés à la poubelle.
Il est également à signaler que de nombreuses arrestations ont été enregistrées à Alger ainsi qu’à Boumerdes car les militaires algériens étaient bien décidés à remplir leurs geôles et à cadenasser les urnes.
Raison pour laquelle, de l’autre côté de la Méditerranée, en France, où vit une importante communauté d’origine algérienne, les Algériens jugent le régime capable de tout pour assurer sa survie et estime que « L’Algérie, elle est périmée. L’avenir, là-bas, c’est la taule ».
Quant à Human Rights Watch, elle a dénoncé une « effrayante escalade répressive dans laquelle les vagues promesses d’ouverture et de dialogue du Président Abdelmadjid Tebboune se fracassent contre la réalité de la répression ». C’est tout dire sur la dictature algérienne !
S’agissant du taux de participation, celui-ci est une broutille comme l’a si bien affirmé à sa sortie du bureau de vote le Président Algérien Tebboune en déclarant que «Le taux d’abstention ne m’importe pas, ce qui m’importe c’est que les gens élus auront, à l’issue du scrutin, la légitimité nécessaire pour prendre en main le pouvoir législatif ».
A ne pas oublier également la déclaration faite au micro des chaînes privées en Algérie par le Président du parti islamiste El Bina, Abdelkader Bengrina, au cours de laquelle il a demandé au groupe Saidal de produire « un viagra politique »pour stimuler la volonté politique et construire une nouvelle Algérie afin de trouver une solution à la crise économique, politique et sociale. Non, mais on croit rêver ! Ces islamistes, dirigés de main de maître par les Généraux algériens, vont diriger l’Algérie ! Bonjour tristesse !
Ces législatives anticipées sont intervenues dans un contexte de répression croissante et alors que plus de 200 détenus d’opinion croupissent en prison. Mais, à l’image des deux rendez-vous électoraux précédents, à savoir l’élection présidentielle du 12 décembre 2020 et le référendum sur l’amendement constitutionnel du 1er novembre 2020, ces législatives du 12 juin 2021 ont été massivement rejetées par la rue et par les partis de l’opposition qui ont décidé de les boycotter au vu du taux d’abstention record jamais atteint dans une démocratie.
On peut résumer en deux mots les origines du désastre algérien après presque 60 ans d’existence chaotiques, à savoir les militaires et les religieux. Une horde militaire a surgi des frontières algériennes en 1962 transformant leur indépendance en une soumission à un nouvel envahisseur. Elle était un véritable produit de la fameuse « main étrangère » et le pillage comme fondements de son pouvoir fourbe et despotique.
A final, ce scrutin électoral du 12 juin 2021 s’est tenu comme à l’accoutumé à la hussarde, grande spécialité du régime militaire algérien depuis 1962, et le pouvoir militaire algérien s’accommodera de cette forte abstention historique.
Ne dit-on pas que plus l’Etat se sent menacé, plus il se durcit ! C’est le propre de toute dictature militaire !
Farid Mnebhi.