Au moins quatre personnes ont été blessées ce mercredi lorsque les forces de l’ordre ont dispersé des manifestants dans la capitale, Bissau. La manifestation a été convoquée par le syndicat UNTG au septième mois de grève générale.
L ‘ Union nationale des travailleurs de Guinée (UNTG), la principale centrale syndicale, a convoqué ce mercredi (14.07) une manifestation visant à contester la ′′ situation sociale grave du pays, ainsi que l’augmentation des impôts et des subventions aux Titulaires d’organes de souveraineté.
Quelques instants avant le début de la marche, qui devrait se terminer devant le siège de l’Assemblée nationale populaire (ANP), la police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui se trouvaient encore au siège de l’UNTG, au centre de la capitale guinéenne.
Le secrétaire général de la centrale syndicale, Jules Mendonça, a rendu compte du nombre de blessés en raison de l’intervention de la police.
′′ Nous tenons responsable de cette violation les principaux responsables du pays : le président de la République, le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur. Vous savez parfaitement que ce que font les agents (de police) ne correspond pas à ce qui est placé dans la constitution de la République « , a déclaré Mendonça dans des déclarations aux journalistes au siège de la centrale syndicale.
Le syndicaliste a qualifié les violences policières exercées sur les manifestants de ′′ grave et gravissime « . Il a encore annoncé une nouvelle manifestation pour le 28 juillet. ′′ Nous espérons que les (actuels) gouvernants réalisent qu’ils sont au pouvoir aujourd’hui, mais demain ils ne le seront pas, et chacun devra prendre ses responsabilités « , a déclaré Mendonça.
′′ Ce n’était pas censé frapper ′′
Le secrétaire d’État à l’Ordre public, Alfredo Mal ú, a dit qu’il n’y avait pas eu de manifestation, parce que celle-ci n’était pas suffisamment autorisée par les instances compétentes. ′′ Nous n’autorisons pas la marche. Nous assurons la sécurité pour l’itinéraire des manifestants C ‘ est notre travail. Le document porté (au ministère de l’Intérieur) n’a pas l’autorisation de la Chambre « . Le gouverneur a expliqué ce qui s’est passé : ′′ Quand la police est arrivée, certains (manifestants) étaient déjà à l’intérieur du siège de l’UNTG et ne pouvaient pas sortir. Ceux qui étaient dehors ne pouvaient pas non plus accéder à l’intérieur du siège social. Les manifestants ont essayé de bloquer la route et c’est là que la police a utilisé des gaz lacrymogènes. Je n’étais pas censé frapper « .
Il s’agit de la violente performance policière, moins de dix jours après que des agents aient obligé deux citoyens manifestants à Bafatá, à l’est du pays, à nager dans une flaque d’eau sale. L ‘ affaire a donné lieu à l’expulsion de trois éléments de la Garde Nationale (GN) par le ministre de l’Intérieur.
La manifestation de ce mercredi (14.07) a été convoquée par l’Union nationale des travailleurs de Guinée dans tout le pays. Mais même dans les régions, les autorités de police n’ont pas admis la marche.
Entendu par DW Afrique, le juriste Cabi Sanhá dit qu’il y a une violation de la loi sur la manifestation par les autorités.
′′ La loi (de la manifestation) ne donne pas à l’État le droit d’autoriser ou non la marche. Au contraire, il impose sur l’État une obligation d’assurer toute manifestation. Et surtout c’est une manifestation qui n’a pas de caractère politique, c’est une manif de tout le peuple guinéen « .
L ‘ analyste politique considère que les protestations sont justifiées : ′′ Qui ne sait pas que le prix des produits de première nécessité augmente chaque jour ? Qui ne sait pas que les fonctionnaires se font voler avec des impôts et des taux incomprehensibles ? ».
La tension sociale peut exploser
Pour l’analyste politique Jamel Handem, la performance de la police ′′ est un signe que le gouvernement actuel est sans solution ni nord et ne voit pas mieux comment résoudre les problèmes que l’utilisation de la violence « .
Handem dit que c’est un signe ′′ très dangereux ′′ dans un pays en situation de volatilité.
′′ Toute cette situation, la performance musclée des forces de l’ordre, aura un effet à la bombe à retardement. Et tôt ou tard, elle va exploser, et là personne n’aura le contrôle et personne ne saura ce qui se passera dans ce pays. »
La semaine dernière, un groupe d’organisations de la société civile a demandé la démission du ministre de l’Intérieur, Botche Candé, dont l’institution s’est attachée à vous, suite à l’interdiction des manifestations et des cas de tabassage de citoyens.
La Guinée-Bissau vit, il y a sept mois, une crise sociale due à la grève générale de l’UNTG, avec des impacts sur les secteurs de la santé et de l’éducation, alors que les fonctionnaires et les citoyens se plaignent des conséquences négatives de l’augmentation des impôts et des taux.