Tunis (dpa) – Durant le premier semestre de 2021, la situation générale en matière de sécurité en Afrique de l’Ouest et au Sahel est restée instable, marquée par des niveaux « élevés » de violence. C’est ce qui ressort du dernier rapport du Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), soumis au Conseil de sécurité de l’ONU. Portant sur la période du 15 décembre 2020 au 17 juin 2021, ce rapport a été publié le 7 juillet.
Durant cette période, les attaques de « groupes extrémistes et criminels » visant les civils, le personnel et les biens humanitaires, les forces de défense et de sécurité et les volontaires de la protection civile ont « continué de se multiplier » dans la sous-région, a-t-on lu dans ce document.
Cette « multiplication » est enregistrée « malgré l’intensification des opérations militaires et anti-insurrectionnelles menées par les armées nationales, la Force multinationale mixte, la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel (G5 Sahel) et les partenaires internationaux », a-t-on constaté.
Absence des autorités de l’État
Dans la région du Liptako-Gourma, où se situe la frontière partagée par le Burkina Faso, le Mali et le Niger, des groupes terroristes concurrents se sont disputé le territoire et les ressources, en particulier les biens volés, les itinéraires de trafic, les mines d’or artisanales et les activités de taxation illégale, a-t-on ajouté. « L’absence des autorités de l’État dans la région a créé un environnement propice aux activités des groupes militants et criminels et au recrutement de nouveaux membres », a-t-on prévenu.
Au cours du premier semestre de 2021, « des centaines » de civils ont été tués au Burkina Faso dans des attaques terroristes, menées dans la région orientale du pays, a-t-on déploré. Au Niger, des terroristes ont tué, durant la même période, plus de 400 civils dans des attaques de « grande envergure », menées contre des civils dans les régions de Tillabéri et de Tahoua (Sud-ouest). Il s’agit d’un nombre de victimes « plus élevé que jamais ».
D’un autre côté, les groupes terroristes ont continué de mettre à l’épreuve les défenses frontalières des pays côtiers. En Côte d’Ivoire, quatre attaques contre le personnel de sécurité ont été perpétrées à Kafolo, Tehini et Tougbo, près de la frontière avec le Burkina Faso.
Risques d’une jonction entre deux menaces
Dans le golfe de Guinée, espace maritime situé à l’ouest du continent africain, les pirates ont poursuivi leurs activités. Il s’agissait principalement d’enlèvements contre rançon, « qui sont devenus de plus en plus sophistiqués », faisant notamment appel à des navires d’attache qui permettent d’opérer plus loin des côtes.
« Les défis sécuritaires créés par les actes terroristes dans le Liptako-Gourma et dans le bassin du Lac Tchad (regroupant quatre pays : Tchad, Cameroun, Niger et Nigeria, ndlr) ainsi que par la criminalité le long des côtes du golfe de Guinée doivent être abordés sous l’angle régional », a plaidé Mahamat Saleh Annadif, envoyé de l’ONU en Afrique de l’Ouest et au Sahel, et chef de l’UNOWAS.
Pour le responsable onusien, « les risques d’une jonction entre la menace venant de la mer et celle venant du Sahel sont réels, et les principales victimes sont les populations civiles », a-t-il prévenu le 8 juillet, intervenant par visioconférence devant le Conseil de sécurité.