Trois Camerounais sont bloqués depuis le 24 mai dans une zone tampon séparant la partie turque de la partie européenne de Chypre, révèle The Guardian. Le gouvernement de la zone sud, administrée par l’UE, leur refuse le droit de déposer l’asile dans le pays, au mépris des lois internationales.
Ils pensaient pouvoir déposer l’asile dans la partie européenne de Chypre mais se retrouvent coincés dans un no man’s land entre les deux territoires chypriotes. Trois Camerounais sont bloqués depuis le 24 mai dans une zone tampon de Nicosie surveillée par l’ONU, délimitant les deux Chypre.
« Nous avons sauté de là-bas », explique l’un d’eux, Emil*, au média britannique The Guardian, en montrant du doigt la ligne de cessez-le-feu établie après la guerre de 1974 opposant Grecs et Turcs. « Nous ne savions pas que c’était un no man’s land. Je ne peux pas le croire », souffle le jeune homme.
« Situation critique »
Les trois Camerounais sont protégés par le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) mais restent piégés dans cette zone. Ils dorment sous des tentes dans une chaleur étouffante – les températures avoisinent en ce moment les 40 degrés – et ne savent pas quand ils pourront quitter cet endroit. Le gouvernement du président Nicos Anastasiades a refusé de leur laisser déposer l’asile dans la partie sud de Chypre.
>> À (re)lire : Reportage : ces migrants camerounais “piégés” à Chypre alors qu’ils pensaient aller en Italie
« Nous sommes dans une situation critique », s’est justifié au Guardian le ministre de l’Intérieur Nicos Nouris. « Tous les centres [d’accueil] sont pleins et nous n’avons tout simplement pas la capacité d’en recevoir davantage », a-t-il expliqué.
Depuis 2018, Chypre voit arriver sur son sol de plus en plus de migrants. La petite île méditerranéenne d’environ 850 000 habitants compte désormais le nombre de primo-arrivants par habitant le plus élevé de l’Union européenne (UE). Au cours des six premiers mois de l’année, plus de 5 000 demandes ont été déposées, soit plus de la moitié du total de dossiers enregistrés en 2020, d’après les chiffres d’Eurostat.
Une situation qui a contraint le 21 mai le gouvernement de Nicos Anastasiades à déclarer l’état d’urgence.
Chypre en appelle à la solidarité de l’Union européenne
« Il faut faire très attention à ne pas ouvrir un nouveau passage », a martelé Nicos Nouris. « Si j’accepte ces trois personnes, alors [de telles traversées] deviendront une pratique courante. Ils viendront par milliers. La Turquie les mettra dans des bus et les enverra aux points de contrôle ».
>> À (re)lire : À Chypre, les migrants condamnés à survivre
Peu importe, selon l’agence onusienne, Chypre est « obligée en vertu du droit international, européen et national » de traiter les demandes d’asile et de donner aux personnes l’accès à des conditions dignes dans les centres d’accueil », a insisté la porte-parole du HCR Emilia Strovolidou. « Ils ont le droit de voir leur demande d’asile examinée ».
Mais les autorités font la sourde oreille et en appellent à la solidarité de l’UE. « J’ai écrit à la Commission européenne pour lui dire que nous sommes prêts à les transférer dans d’autres États membres, mais nous n’avons pas eu de réponse », a ajouté le ministre de l’Intérieur. « Si [une réponse] devait arriver, cela pourrait être facilement résolu ».