Plus 1 200 migrants ont été expulsés par l’Algérie vers le Niger, depuis la réouverture de la frontière entre les deux pays, le 14 juillet dernier. Des expulsions très dangereuses pour les exilés, dont la plupart sont abandonnés en plein désert.
L’Algérie n’a pas perdu de temps. Depuis l’annonce de la réouverture de sa frontière terrestre avec le Niger le 14 juillet dernier, le pays a expulsé plus de 1 200 migrants originaires d’Afrique de l’ouest.
Les présidents Abdelmadjid Tebboune et Mohamed Bazoum avaient officiellement rouvert le passage pour faciliter « l’exportation des produits algériens vers le Niger et l’importation des produits nigériens ».
Mais depuis deux semaines, la frontière voit plutôt passer, chaque jour, des centaines de migrants expulsés d’Algérie. « Le 18 juillet, un convoi officiel de 515 rapatriés nigériens est arrivé d’Algérie. Le 16 juillet déjà, 752 migrants originaires d’Afrique de l’ouest sont arrivés à pied à Assamaka, ville (nigérienne) la plus proche de la frontière algérienne », a indiqué l’Organisation internationale des migrations (OIM) lundi 27 juillet.
« Après leur dangereux et éprouvant périple », les migrants « ont tous reçu des biens non alimentaires (kits d’hygiène, couvertures, nattes,) grâce au financement du ministère de l’Intérieur italien », précise l’agence onusienne.
Des expulsions malgré la pandémie
Depuis 2014, l’Algérie a envoyé des dizaines de milliers de migrants en situation irrégulière de l’autre côté de sa frontière, d’après les Nations unies. Sa fermeture, liée à la pandémie, n’a pas empêché les autorités de continuer les expulsions. Sur l’ensemble de l’année 2020, plus de 23 000 migrants ont traversé le désert, selon les chiffres de Médecins sans frontières (MSF).
Entre janvier et avril 2021, près de 4 370 personnes ont été emmenées par les forces de l’ordre algériennes jusqu’au « point zéro », en plein désert, à proximité de la région nigérienne d’Agadez, affirme MSF dans un rapport publié au mois d’avril. Malgré les restrictions, « le refoulement systématique des migrants depuis l’Algérie vers le Niger n’a pas cessé ».
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La réouverture officielle de la frontière laissait donc présager davantage d’expulsions. Malgré les nombreuses critiques dont elle est la cible, « l’Algérie n’a jusqu’à maintenant fait aucun effort pour remédier à cette situation ». Et ce, en dépit de « la pression internationale et celle de la société civile. On s’attend donc à ce que la situation soit encore pire maintenant », s’était inquiété à InfoMigrants Lauren Seibert, chercheuse spécialiste des migrants et des réfugiés au sein de Human Rights Watch (HRW).
Au milieu de nulle part
La plupart des migrants sont arrêtés en Algérie, passent quelques jours en détention, puis sont emmenés en bus ou en camion au point zéro, en plein désert. Ils doivent alors parcourir à pied, souvent de nuit, les 15 kilomètres qui les séparent de la petite ville nigérienne d’Assamaka.
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« On nous a déposés à environ 15 kilomètres de la frontière. Le reste, on a dû le faire à pied. Cette nuit-là, entre 2h et 6h, on a marché vers le Niger, on était environ 400 personnes », expliquait en janvier à InfoMigrants Falikou, un Ivoirien de 28 ans.
« Livrés à eux-mêmes », « sans aucune carte ou moyen de localisation », souvent, « certains se perdent et ne sont jamais retrouvés », écrit MSF.