Près de 60 personnes sont mortes noyées, lundi, dans le naufrage d’une embarcation qui cherchait à rejoindre l’Europe, a rapporté l’Organisation internationale des migrations. Vingt femmes et deux enfants figurent parmi les victimes.
C’est un drame de plus en Méditerranée. Lundi 26 juillet, « au moins 57 migrants se sont noyés dans un naufrage au large de Khoms », a annoncé sur son compte Twitter une porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
« Les survivants qui ont parlé à notre personnel ont déclaré que 20 femmes et deux enfants faisaient partie de ceux qui ont perdu la vie », a ajouté l’OIM, en pointant « une autre tragédie » migratoire sur cette « route dangereuse ».
L’organisation n’a pas précisé la nationalité des survivants mais, selon les images qui ont été publiées, tous semblaient originaires de pays d’Afrique subsaharienne.
Vincent Cochetel, envoyé spécial de l’agence des Nations unies pour les réfugiés, a réagi à l’annonce du drame. « Il y a eu plus de 3 000 départs des côtes de la Libye, du Maroc et de la Tunisie au cours des dernières 72 heures. D’autres tragédies sont à prévoir », a-t-il déclaré.
Les départs de Libye pour tenter de rejoindre l’Italie sont en forte augmentation ces derniers mois. Le nombre de migrants décédés en mer en tentant de rejoindre l’Europe a plus que doublé cette année, a souligné mi-juillet l’OIM. Près de 900 personnes ont péri en Méditerranée cette année.
>> À (re)voir : Quand l’Europe ferme les yeux : vie et mort en Méditerranée
Passeurs et trafiquants ont par ailleurs profité ces dix dernières années du climat d’instabilité qui a régné dans ce pays d’Afrique du Nord depuis la révolte de 2011 ayant entraîné la chute du régime de Mouammar Kadhafi.
Le pays de quelque sept millions d’habitants est devenu la plaque tournante du trafic d’êtres humains sur le continent.
Des dizaines de milliers de migrants venus d’Afrique subsaharienne, en quête de l’eldorado européen, y sont la proie de trafiquants quand ils ne meurent pas en tentant la traversée.
« Risque très réel de torture et de violence sexuelle »
Le 15 juillet, l’envoyé spécial de l’ONU en Libye Jan Kubis a rappelé que « la Libye n’est pas un port de débarquement sûr ». « Les États membres qui soutiennent les opérations de retour de personnes en Libye devraient revoir leurs politiques, en gardant à l’esprit que les migrants et les réfugiés continuent de faire face à un risque très réel de torture et de violence sexuelle s’ils sont renvoyés sur les côtes libyennes », a-t-il insisté.
>> À (re)lire : En Libye, la municipalité de Zouara chasse les migrants de la ville
Le même jour, le Parlement italien a renouvelé son aide financière et matérielle aux garde-côtes libyens, dans le but de stopper les embarcations de migrants en Méditerranée centrale. Selon l’ONG Oxfam, l’aide italienne allouée aux autorités libyennes depuis 2017 s’élève à 32,6 millions d’euros.
Dans un rapport publié le 15 juillet, Amnesty International a accusé l’Europe de « complicité » au sujet des violences infligées sur les migrants en Libye. Les États membres « continuent honteusement d’aider les garde-côtes libyens (…) alors qu’ils ont parfaitement connaissance des horreurs » que les migrants subissent dans les prisons, après leur interception en mer, avait alors déclaré Diana Eltahawy, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.
Depuis le cessez-le-feu en Libye, signé en octobre 2020, les conditions de vie des migrants, déjà désastreuses, se sont encore aggravées partout dans le pays. Ils font aujourd’hui face à une recrudescence des violences et des enlèvements par des trafiquants. Ces derniers, en perdant leurs revenus liés à la guerre, se sont rabattus sur les migrants pour les extorquer et ainsi trouver une nouvelle manne financière.