Rome, le 23 septembre 2021 – Il est scandaleux que les petits exploitants des pays en développement, qui produisent un tiers des aliments consommés dans le monde, soient payés une misère pour leur travail, a déclaré le Président du Fonds international de développement agricole (FIDA), qui demande aujourd’hui aux dirigeants mondiaux participant au Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires de prendre des mesures concrètes afin de changer cette situation.
« Il est tragiquement ironique que ceux qui produisent les aliments que nous consommons n’aient pas les moyens d’assurer à leur propre famille une alimentation saine et nutritive », a déclaré Gilbert F. Houngbo, Président du FIDA. « Ces familles d’agriculteurs, qui n’ont ni épargne ni accès à des financements, sont en outre démunies face aux changements climatiques et autres chocs. Le Sommet sur les systèmes alimentaires d’aujourd’hui est l’occasion de nous engager à apporter des changements concrets. Nous devons saisir cette occasion. »
La majorité des populations rurales des pays en développement tirent leurs revenus de l’agriculture. Les petits exploitants ruraux qui travaillent dans des exploitations de
moins de deux hectares produisent plus de 30% des denrées consommées dans le monde, et jusqu’à 80% dans certaines régions d’Afrique et d’Asie. Selon une étude récente portant sur différentes aliments provenant de petites exploitations dans les pays en développement, seuls 6,5% du prix de vente au supermarché sont versés à l’agriculteur. Les négociants, l’industrie agro-alimentaire et les détaillants se taillent la part du lion.
Selon le Rapport sur le développement rural publié en début de semaine par le FIDA, la concentration croissante du pouvoir au sein des systèmes alimentaires a favorisé l’augmentation des bénéfices réalisés par les grandes entreprises alimentaires, tandis que les personnes qui produisent, transforment et distribuent les aliments font face à la pauvreté et à la faim. L’insuffisance des revenus est l’une des principales raisons pour lesquelles environ 3 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à une alimentation saine.
« Les effets d’entraînement résultant d’une rémunération équitable du travail des populations rurales sont énormes. Lorsqu’elles sont rentables, les petites exploitations agricoles contribuent à la scolarisation des enfants, au financement de régimes alimentaires diversifiés et sains, à la création d’emplois et à la dynamisation des économies rurales », a déclaré Gilbert F. Houngbo. « À l’inverse, la pauvreté et la faim sont les principaux moteurs de la migration, des conflits et de l’instabilité. Quel avenir voulons-nous? »
Le FIDA invite les gouvernements à collaborer avec le secteur privé en vue de mettre en œuvre des politiques qui favorisent la création d’emplois, des salaires décents et de meilleures conditions de travail. L’accent doit être mis en particulier sur les petites entreprises locales qui interviennent dans l’ensemble des systèmes alimentaires et produisent, transforment et distribuent les denrées tout en créant des emplois locaux et en stimulant les économies rurales. Il est notamment nécessaire de faire en sorte que tous les acteurs s’engagent à garantir aux petits producteurs un accès aux marchés existants et nouveaux à des conditions équitables.
Le Sommet sur les systèmes alimentaires qui se tient aujourd’hui, sous la direction du Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, vise à susciter des engagements concrets de la part des chefs d’État et autres dirigeants. Il marque le point culminant de 18 mois de dialogue avec les pouvoirs publics, les producteurs agricoles, la société civile et les entreprises sur la manière de changer la façon dont nous produisons, transformons et consommons les aliments.
Le FIDA investit dans les populations rurales isolées – en particulier les femmes, les jeunes et les populations autochtones qui souffrent le plus des inégalités des systèmes alimentaires – afin de s’assurer que ces personnes soient rémunérées décemment pour leur travail. Le FIDA a été l’organisme pivot de la piste d’action du Sommet sur les systèmes alimentaires axée sur la promotion de moyens d’existence équitables. Dans le prolongement du Sommet, le FIDA codirigera la coalition « Salaires et moyens d’existence décents » avec l’Organisation internationale du Travail, et avec l’appui de CARE, afin de faire progresser cette composante essentielle de la transformation des systèmes alimentaires.
Le FIDA dirige également une initiative visant à exploiter le potentiel des banques publiques de développement partout dans le monde en vue de remédier aux difficultés d’accès au financement des producteurs ruraux, tout en contribuant à orienter les investissements vers des systèmes plus équitables et plus durables sur le plan environnemental.
Les pays sont en train de tracer leurs propres axes de travail, et le FIDA continuera à appuyer ses États membres dans la transformation de leurs systèmes alimentaires.