Quelques semaines avant sa déchéance, Alpha Condé, a semblé se rendre compte de la gravité de sa mauvaise gouvernance, je l’ai su en discutant avec quelques cadres de la douane, du ministère des finances, du budget etc… le mardi 12 octobre. Ains, la volonté du nouveau Président, le Colonel Doumbouya de procéder à l’état des lieux et de moraliser la gestion des affaires publiques est salutaire.
Lors de sa rencontre avec certains jeunes que lui même avait placé comme chefs de la division financières et administratives ( Daf), il a évoqué l’immensité de la gabegie et de la destruction de l’économie que lui-même et ceux ci avaient organisé dans le pays et le risque pour lui d’être indexé demain comme seul responsable de cette hécatombe socio-économique.
Face à l’ampleur des dégâts et comme si le Président était dans le pressentiment, il manifestait un certain agacement d’être tenu seul responsable du crime, puisque c’en est un.
À la limite du regret, Il s’est rendu compte de sa grave faute en mettant directement de si jeunes, sans parcours administratif, sans aucune expérience de gestion, en contact avec des milliards et qui profitaient non seulement de son âge avancé mais surtout de sa méconnaissance des règles et procédures financières, pour se mettre plein la poche.
Le problème n’est pas la jeunesse, mais la probité, le patriotisme surtout la préparation mentale et psychologique à exercer des hautes fonctions et responsabilité et à résister à des envies et tentations financières, matérielles humainement très fortes.
Et pourtant, à plusieurs reprises, le président a été alerté.
Mais, Alpha Condé, lui-même, a souvent sanctionné des hauts cadres qui se sont manifestement opposés à des graves malversations financières au niveau des services publics. Ce fut le cas d’un certain Alpha Ibrahima Kallo limogé du secrétariat général du ministère du budget et de la présidence du conseil d’administration de l’ARPT pour avoir dénoncé dans un rapport la gabegie du directeur de cet établissement. Tout comme Boubacar Sow, brutalement limogé de la présidence du Conseil d’administration de la SOGEAC par un décret clandestin, pour empêcher la tenue le lendemain à Paris d’un Conseil d’administration avec les partenaires de l’ADP ( Aéroports de Paris) et l’AFD (l’Agence Française de Développement) qui aurait aussi discuté la mauvaise gestion de l’ancien directeur menacé de destitution comme le stipulent les textes de la société mixte. Comme avec ces 2 entités, le Président Alpha Condé a généralement protégé les DAF, les directeurs des établissements publics et chefs des régies financières qui étaient directement en contact avec lui.
Après la chute d’Alpha Condé, les guinéens ont découvert la gabegie, la corruption et le gaspillage organisés par ces gestionnaires des affaires publiques. La Guinée a perdu beaucoup d’argent du fait de ceux-là qui ont pillé et saigné le pays.
Le doyen Bah Mamadou me l’avait dit en 1991, que souvent ce ne sont pas les ministres seulement, que les secrétaires généraux, les chefs de cabinet et les DAF s’enrichissent énormément sur le dos du peuple. Évidemment les rpgarcencialistes leur histoire, est éloquente et significative, certains ont gardé une partie des fonds volés, et sollicitaient les services d’un autre charognard, un intermédiaire étranger pour loger ces fonds dans une banque étrangère.
Tous ces milliards, fruit du travail des guinéens, auraient pu servir à financer des grands projets de croissance dans le pays.
Désormais, à la place des vols et des situations conflictuelles, la Guinée exige des écoles, des hôpitaux, de la nourriture, des équipements lourds, des routes et des ponts, des médicaments. Mais surtout, la Guinée exige la paix, la justice, l’équité dans la répartition rationnelle de ses milliards. Ce sont les facteurs de la réconciliation nationale et de l’Unité nationale qui semblent très chères au Président du CNRD, Colonel Mamadi Doumbouya, Président de la République.
Ainsi son programme de moralisation de la gestion publique répond parfaitement à la logique des populations qui ne veulent plus de voleurs, de cambrioleurs et des trafiquants.
Le nouveau pouvoir doit en tirer des leçons.
Il faut reconnaître que le Président Doumbouya est actuellement plutôt sur le bon chemin avec les mesures déjà prises non seulement à l’encontre des anciens ministres mais aussi et surtout envers les gestionnaires, tous dignitaires d’un système qui a régressé la Guinée de nombreuses années de retard.
Mamadi Dioubaté
Analyste sociopolitique