Si la nomination de Mohamed Beavogui au poste de premier ministre du gouvernement de transition a suscité espoir et engouement liés plus à son expérience professionnelle, à son profil, qu’à sa personne.
La nomination de certaines personnalités à des postes de ministres interroge et rend dubitatif par rapport aux premiers discours de la junte militaire à vouloir préserver l’aspiration du changement.
Nous constatons un décalage profond entre le premier discours du président de la République de Guinée M Mamady Doumbouya et la nomination de certains membres du gouvernement de la transition.
On a comme l’impression que la voix du premier ministre ne pèse pas sur les nominations en cours.
Et la nomination des personnes à des postes de ministres si jeunes soient-ils ayant soutenu le tripatouillage constitutionnel, ayant fait campagne pour le troisième mandat et par conséquent soutenu l’enterrement de l’alternance démocratique en Guinée, soulève interrogations et ne doit pas être occultée du débat public.
Ceci sous-entend qu’il existe des hommes autour du colonel Mamady Doumbouya tapis dans l’ombre, comme jadis au temps de Dadis Camara qui dictent les critères de sélection des membres du gouvernement à compte goutte sur fond de complaisance, de népotisme, de cooptation et de fantaisie pour torpiller l’élan du changement.
Car vu le profil du premier ministre Mohamed Beavogui, il est inimaginable qu’il soit l’auteur de telles nominations.
La situation actuelle de la Guinée caractérisée par une fracture sociale, par un manque de confiance des citoyens dans les institutions, par un problème de gouvernance, source de ressentiment vis-à-vis de l’ancien régime exige que les membres du gouvernement de transition soient incontestablement des personnalités moins clivantes, qui pourraient travailler à fédérer les opinions dans le pays.
Le premier ministre Mohamed Beavogui doit s’entourer des technocrates intègres, patriotes, qui ont une certaine expérience du fonctionnement de l’État, capables d’opérer les réformes politiques institutionnelles dont la Guinée a besoin.
C’est-à-dire des hommes et des femmes qui ont une certaine expertise pour poser les piliers de la refondation de la gouvernance en Guinée.
Qu’ils soient rouge, jaune ou vert, les membres de l’équipe du gouvernement de transition doivent être celles ou ceux qui n’ont pas de passifs dans la gestion de l’État.
Or le profil actuel de certains ministres qui viennent d’être nommés nous prouve le contraire.
Alors sommes-nous en train d’assister à un changement dans la continuité ?
La voix du premier ministre Mohamed Beavogui pèse t -elle encore ?
Pourquoi ce qui a été rendu possible au Burkina Faso après la chute du sanguinaire de Blaise Compaoré et ce qui est rendu possible au Mali voisin avec le jeune président malien Assimi Goita est impossible en Guinée ?
Si les supputations et informations actuelles se confirment, cela veut dire que le CNRD est sur le point de s’ériger en un organe au-dessus des pouvoirs de la transition.
Il n’est pas venu au pouvoir pour jouer un rôle significatif dans le renouveau de l’État guinéen.
Mais ils oublient que si la transition en cours ne marchait pas c’est eux (les militaires à l’origine du coup d’Etat) qui vont porter l’entière responsabilité (…) donc ils ont un droit de regard, ils ont l’obligation de s’assurer que la transition va être une transition qui va reposer les piliers de la refondation de la gouvernance en Guinée.
En tout état de cause, nous devons refuser de soutenir des décisions politiques ou discours politiques qui empêchent au peuple de penser, une politique conçue pour dominer le jeu, en se jouant les guinéens et les événements, l’intérêt étant son but et l’intrigue son moyen. Toujours sombre de vérité.
Wassalamou et bon dimanche sous la protection divine.
Par Aïssatou Chérif Baldé