Aboubacar Sidiki Camara, ministre délégué à la Présidence chargé de la Défense nationale a rendu ce 1er novembre 2021 un hommage mérité au colonel Kaman Diaby et ses compagnons à l’occasion de l’inauguration d’une stèle érigée en leur mémoire au pied du mont Kakoulima… #Emotion #Discours
Officiers, Sous-officiers, Militaires du rang
Mesdames et Messieurs,
C’est un grand honneur pour moi de prendre la parole en ces instants de souvenir plein d’émotion, au nom de Son Excellence Monsieur le Président de la Transition, Chef de l’Etat et Chef Suprême des Armées, à l’occasion de l’inauguration de la stèle en l’honneur de certains de nos illustres devanciers qui reposent en ces lieux, parmi lesquels le Colonel Kaman DIABY.
Cette cérémonie pleine d’émotion dis-je, marque le devoir de mémoire du peuple, à travers les Forces Armées, envers les pères fondateurs de notre vaillante armée nationale.
La réhabilitation de ce lieu de mémoire et la construction de cette stèle témoigne la volonté des nouvelles autorités d’assumer toute notre histoire pour amorcer une véritable réconciliation nationale, basée sur la reconnaissance, la vérité et le pardon.
En effet, après le vote historique du 28 septembre 1958, la République de Guinée a été proclamée le 02 octobre de la même année, ouvrant ainsi la voie à la mise en place des institutions de souveraineté devant consolider l’indépendance nouvellement acquise.
C’est ainsi que, dès le 03 octobre 1958, un Secrétaire d’Etat à la Défense nationale, rattaché à la Présidence de la République, a été désigné, suivi de l’institution d’un secrétariat général chargé de la direction et de l’organisation de l’armée, le 27 octobre 1958 ; organe investi de la mission de création de l’armée.
Ce processus a conduit à la constitution des premières unités de l’armée guinéenne le 1er novembre 1958 ; composée de 737 hommes dont 50 sous-officiers et 687 hommes de rang parmi lesquels 75 caporaux-chefs, 135 caporaux et 477 soldats.
Cette date est historique parce qu’elle marque officiellement la naissance de l’Armée Guinéenne, qui sera renforcée par le retour des soldats guinéens servant dans l’armée française, suite à la signature d’un accord de désengagement.
C’est ainsi que trois contingents sont revenus au pays respectivement le 22 novembre 1958 ; le 31 décembre 1958 et le 18 juillet 1959.
Le souci d’une meilleure organisation de l’Armée nationale, a abouti au remplacement du Secrétariat général de la défense nationale et de l’organisation de l’Armée par un Etat-major Général de la Défense nationale, le 18 décembre 1958. Dans la même perspective, un Bureau de Recrutement National (BRN) a été créé le 14 avril 1959 et plus tard une Ecole militaire interarmées en 1961.
Officiers, Sous-officiers, Militaires du rang,
Chers invités,
Du 1er novembre 1958 au 1er novembre 2021, l’Armée guinéenne a connu des heures de gloire qu’il me semble important de rappeler car, comme le disait un sage, « lorsqu’on ignore son passé, il devient difficile de trouver les repères pour bâtir l’avenir ».
Au nombre de ces actes héroïques, il faut citer entre autres :
− sa résistance à l’agression du 22 Novembre 1970 et aux agressions rebelles de 2000 au niveau des frontières sud du pays ;
− sa participation aux luttes de libération nationale notamment en Guinée-Bissau, entre 1963-1974 ;
− son intervention pour rétablir l’ordre lors de la guerre civile en Guinée-Bissau entre juin 1998 et mars 1999 ;
− son intervention en Sierra Léone en 1971 pour la restauration de l’ordre constitutionnel suite au renversement du SIR Siaka Stevens ;
− Son intervention en Angola entre janvier et septembre 1976 pour la libération de l’Angola ;
− Son intervention au Benin en 1977, pour le maintien de l’ordre après une agression armée des mercenaires africains et européens contre le régime en place ;
− Son intervention au Libéria en 1979 pour éviter la guerre civile après le renversement du Président Williams Tolbert.
Dans le cadre de sa participation aux missions de maintien de la paix et de rétablissement de l’ordre, il faut rappeler :
− son intervention au Libéria entre1990-1998, dans le cadre de l’ECOMOG ;
− sa participation à la Mission des Nations Unies en Sierra Léone (UNAMSIL) de1997 à 2000 ;
− sa participation aux Missions d‘observation des Nations Unies au Soudan, au Sahara Occidental, en République Démocratique du Congo, en Haïti ;
− sa participation à la lutte contre le terrorisme au Mali dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).
Toutes ces actions salvatrices ont révélé à l’Afrique entière et au reste du monde que l’Armée Guinéenne a été et demeure une armée professionnelle au service des Peuples africains.
Officiers, Sous-officiers, Militaires du rang,
Chers invités,
Il est important de souligner, sans démagogie, qu’au même moment où cette armée écrivait des pages glorieuses, elle traversait des périodes sombres, exacerbées par la politisation de ses unités.
En effet, des organes comme les CUM, entendez « Comité d’Unité Militaire », avec leurs pratiques de délation et de règlement de compte, ont négativement impacté le fonctionnement normal de notre outil de défense.
Pendant ces heures sombres de notre l’histoire, à tort ou à raison, des exactions ont été commises et qui font de chacun de nous, auteur et victime.
C’est notre histoire. Nous ne sommes pas juges, mais nous devons la regarder en face et l’assumer dans le but d’aboutir au pardon et à la réconciliation.
C’est le lieu de saluer la courageuse initiative historique du Président de la République, le Colonel Mamadi DOUMBOUYA, de reconnaitre les grands services rendus à notre pays par tous ces martyrs et de leur rendre cet hommage. Ils sont morts pour notre nation, mais ils vivent désormais par nous.
Ce monument symbolise donc notre attachement à notre passé, mais aussi une source de lumière qui éclaire le chemin des générations futures.
On peut donc affirmer avec John Kennedy, que l’« On reconnaît une nation aux hommes qu’elle produit, mais aussi à ceux dont elle se souvient et qu’elle honore ».
Encore une fois, joyeux anniversaire à chacun et à tous.
Vive l’Armée Guinéenne ;
Vive le CNRD ;
Je vous remercie.