Au début de la nouvelle année législative en Guinée-Bissau, l’activiste critique ′′ usurpation des compétences ′′ de la part du président, qui a menacé de dissoudre le Parlement si sa proposition de révision constitutionnelle n’est pas discutée.
À partir d’aujourd’hui, tout peut se passer dans le scénario politique de la Guinée-Bissau, avec le début de la nouvelle année législative de l’Assemblée nationale populaire (ANP), selon des observateurs attentifs à la longue crise qui se présente dans le pays. Le Parlement devrait débattre et voter sur la proposition de révision constitutionnelle présentée par la commission de l’Assemblée, créée à cet effet.
Le chef de l’État, Umaro Sissoco Embaló, à plusieurs reprises, a menacé de dissoudre le Parlement si les députés ne discutent pas de sa proposition de révision constitutionnelle, qui ne figure pas à l’ordre du jour de la session qui commence aujourd’hui et se termine en décembre Une source de la DW avance que le président aura déjà convoqué le Conseil d’État, son organe consultatif, pour le 17 novembre, pour savoir s’il dissout ou non le Parlement.
Les parlementaires et les partis considèrent que la question de la révision constitutionnelle relève exclusivement de la compétence de l’ANP et non de la présidence de la République. Aussi, plusieurs députés des partis qui forment la coalition gouvernementale menacent publiquement de ne pas adopter le budget général de l’État de leur propre gouvernement parce qu’ils disent que le président du pays veut mettre en place un régime présidentiel et être le seul chef en Guinée-Bissau. La non-adoption du budget signifierait une chute du gouvernement de Nuno Nabiam.
Le pays est confronté à une vague de grèves déjà plus vue ces dernières années, à la fonction publique paralysée depuis onze mois déjà, à des grèves dans les hôpitaux et dans les écoles publiques. La tension sociale augmente chaque jour, avec des signalements de violence contre les critiques de l’actuel régime.
En interview de DW Afrique, le militant Sumaila Jaló, qui a déjà organisé des manifestations de rue contre plusieurs gouvernements, critique la position des partis politiques face à ce qu’il appelle ′′ l’usurpation des compétences ′′ par le chef de l’État.
DW Afrique : pensez-vous que la mobilisation des partis parlementaires pourrait freiner les investis du président de la République ?
Sumaila Jaló (SJ) : La mobilisation même contre les prétentions du président de la République à modifier la constitution de la République est surtout pour défendre ses intérêts particuliers et pas pour défendre les intérêts du peuple, car ils savent que toute modification de la constitution de la république va avoir des conséquences sur la vie du peuple en général, mais cela aura aussi des conséquences sur l’avenir de tous ces partis et de la manière peu décente de faire de la politique à laquelle ils sont habitués. Parce que le pouvoir est concentré sur la figure du président de la République et que personne ne sait après Umaro Sissoco Embaló ce qui va être de la Guinée-Bissau, s’il y aura bientôt ce qu’on pourrait appeler après Umaro sissoco Emberaló.
DW Afrique : Mais dit que l’on vit en Guinée-Bissau, le régime du sauvetage qui peut et les seuls à survivre sont ceux qui sont dans la gouvernance. Pourquoi ça ?
SJ : Je ne peux pas être plus assertif, ce qui est arrivé à la paralysie totale de la fonction publique depuis dix mois, aux portes des écoles fermées depuis deux ans et aux hôpitaux fermés, parce que le gouvernement regarde tout cela et ne peut pas créer Les conditions pour répondre aux revendications légitimes des travailleurs de Guinée-Bissau et particulièrement des travailleurs des domaines de santé et d’éducation. Mais ils ne s’intéressent pas non plus parce que les gouvernants et leurs proches peuvent voyager à l’étranger quand ils le souhaitent pour traiter leur santé, ainsi que leurs proches qui n’étudient pas dans les écoles publiques du pays.
DW Afrique : Et le président guinéen est accusé d’avoir gaspillé l’argent du trésor public pour des voyages pour prendre des photos avec des dirigeants du monde. Mais Umaro Sissoco Embaló dit qu’avec ces déplacements, il a réussi à changer l’image du pays. Êtes-vous d’accord avec vos déclarations ?
SJ : Ce n’est pas vrai, car toute image de notre pays dépendra beaucoup de la survie du peuple, des conditions de survie du peuple et ces conditions sont déplorables en ce moment. Il n’y a pas pire que vivre dans un pays où nous n’avons pas d’hôpitaux pour nous soigner et nous n’avons aucune école où apprendre, pour mieux connaître le contexte où nous vivons pour sa transformation. Ce sont donc des voyages populistes et qui sont malheureusement réalisés par un président de la République et soutenus par un gouvernement qui a un leader en silence absolu, comme s’il n’était pas le principal responsable de la gouvernance du pays.
DW Afrique : Mais devant cette tension sociale et une crise sans fin en vue, comment voit le discours du président de la République qui est accusé de menacer tout et tous ?
SJ : Le discours de Umaro Sissoco Embaló est un discours absolument autoritaire et un discours basé sur la prépuissance. C ‘ est Umaro Sissoco Embaló lui-même qui s’intitule seul chef du pays. Umaro Sissoco Embaló lui-même, comme nous le savons tous, a ordonné au gouvernement de cesser toutes les négociations avec les syndicats de réclamer ses demandes légitimes au gouvernement, des demandes qui concernent ses droits de salaire, des conditions de vie meilleures, comme tous les autres Nous savons à partir des informations publiques. Et c’est le président de la République lui-même qui fait aussi chanter la classe ouvrière avec des menaces de geler son salaire et le gouvernement y va.
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