La photo d’un policier italien secourant une petite fille syrienne dans une mer agitée au large des côtes de Calabre a fait le tour des réseaux sociaux transalpins. L’homme de 42 ans, Luigi Crip, n’a pas hésité à braver la tempête pour venir en aide aux naufragés, qui menaçaient de couler à une cinquantaine de mètres du rivage. « Je porterai le souvenir de leurs visages jusqu’à la fin de mes jours », a dit le policier à la presse italienne.
L’image a ému de l’autre côté des Alpes. Diffusée le 5 novembre sur le compte Twitter de la police, la photo d’un agent italien, Luigi Crupi, tenant dans ses bras une petite fille syrienne pour la sortir de l’eau a fait le tour des réseaux sociaux transalpins.
Le soir du 3 novembre, une femme contacte les forces de l’ordre pour signaler un voilier échoué au large de la côte calabraise de Capo Rizzuto, dans le sud de l’Italie. À son bord, 77 migrants, dont une quinzaine d’enfants, sont à la dérive dans une mer agitée. L’inspecteur Luigi Crupi, 42 ans, prend l’appel et se dirige rapidement avec son équipe sur la plage. « Il y avait du vent à 20 nœuds, les vagues étaient très hautes, le ressac menaçait de nous aspirer », raconte l’homme au quotidien italien Corriere della Sera, repris par France info.
« Nous avons essayé de rapprocher le radeau de sauvetage et de l’attacher à la poupe du navire, mais la corde s’est détachée et le radeau s’est envolé ». Les policiers, accompagnés d’un garde-côte et de deux volontaires de la Croix-Rouge, entrent finalement dans l’eau et « courent péniblement vers le bateau ».
« Quand vous voyez ces enfants, vous réalisez que leurs vies sont entre vos mains »
Luigi Crupi, du haut de son mètre 84, arrive le premier à l’embarcation. Dans la panique, le père de la fillette lui jette son enfant. « Dans l’obscurité – il n’y avait que la lumière lointaine du patrouilleur du capitaine du port – j’ai nagé jusqu’à la terre, luttant contre le courant », se souvient-il. L’inspecteur tente de calmer l’enfant tremblant en lui caressant la tête. La petite est agrippée à sa chemise, un chapelet dans ses mains, « qu’elle avait arraché dans l’excitation à un de mes collègues qui le portait à son poignet ».
Les 50 mètres qui séparent le bateau du rivage semblent interminables pour les sauveteurs. « J’avais peur de ne pas y arriver, de trébucher, de la laisser tomber », dit Luigi Crupi.
En deux heures, tous les naufragés sont sortis de l’eau un par un par l’équipe sur place qui a formé une chaine humaine dans l’eau froide. Les exilés ont ensuite été pris en charge par les membres de la Croix-Rouge.
En rentrant chez lui avec son uniforme trempé Luigi Crupi est encore sous le choc. « Tu ne sais à quel point nous avons de la chance, nous, d’être nés au bon endroit », lance le père de famille à sa femme.
« C’était très émouvant, parce que quand vous voyez ces enfants, vous réalisez qu’ils ont enduré un voyage terrible, que leurs vies sont entre vos mains, et je sais que je porterai le souvenir de leurs visages jusqu’à la fin de mes jours », dit-il aujourd’hui.
La Calabre voit régulièrement débarquer des embarcations de migrants le long de ses côtes. Certains exilés quittent les côtes turques en direction du sud de l’Italie et d’autres se cachent dans des navires commerciaux.
En 2020, 2 500 personnes en provenance de Turquie ou de Grèce ont atterri dans la région et plus de 1 200 dans les Pouilles.