À Bruxelles, des centaines de personnes campent, depuis des semaines, devant l’unique centre d’enregistrement pour demandeurs d’asile, également chargé de leur fournir un toit. Mais le réseau d’hébergement étant totalement saturé, les migrants se retrouvent à la rue, dans le froid et au milieu des déchets et des rats.
Chaque matin, depuis des semaines, les mêmes scènes se répètent devant le centre du Petit Château, dans le centre-ville de Bruxelles. Des centaines de personnes font la queue devant les locaux de l’agence Fedasil (agence fédérale pour demandeurs d’asile) pour déposer leur dossier d’asile et espérer trouver un toit pour la nuit. Certains dorment sur place, au milieu des rats et des déchets, alors que l’hiver s’installe en Belgique.
La structure chargée d’enregistrer les demandes et de délivrer des places d’hébergement est débordée. En cause, la saturation du réseau – qui compte près de 29 000 places – due notamment aux inondations mi-juillet, selon le cabinet du secrétaire d’État à l’Asile. Environ 1 000 places d’accueil ont été endommagées ou sont occupées par des sinistrés.
Entre 150 et 200 personnes chaque jour
« Cela fait trois semaines que je suis ici, sans solution. Tous les jours, ils disent qu’il n’y a pas de place. On dort dehors, il fait froid, ce n’est pas évident », explique un demandeur d’asile à Euronews. « Nous sommes ici depuis le 17 novembre, nous sommes toujours dehors. Il fait froid, il pleut. Des gens sont malades », renchérit un autre homme originaire du Congo.
En moyenne, entre 150 et 200 personnes s’entassent chaque jour devant le Petit Château. La moitié sont des hommes seuls. Les personnes vulnérables, familles et mineurs non accompagnés sont, la plupart du temps, prises en charge en priorité. Mais la situation est telle que même certains mineurs isolés sont laissés sur le carreau.
« Ils sont épuisés et, en termes de santé mental, c’est catastrophique. Leurs traumatismes développés sur leur parcours migratoire s’accentuent car on ne les accueille pas comme il faut », s’insurge Alexandre Seron, directeur des campagnes à Médecins du monde Belgique, joint par InfoMigrants. « Sur le plan physique, ils sont exposés à tous les microbes qui circulent : le Covid mais pas seulement, il y a aussi les rhumes, les pneumonies etc. Tout cela est hautement problématique ».
« Tout cela était prévisible »
Pour parer au plus urgent et « éviter un drame », un collectif d’associations, regroupant Médecins du monde (MdM), Médecins sans frontières (MSF), la Croix-Rouge belge et la Plateforme citoyenne d’aide aux réfugiés, distribue chaque jour des couvertures de survie et des boissons chaudes. Les ONG ont également ouvert, lundi, avec l’aide de la Ville, un lieu pouvant héberger une centaine de personnes. Quelques jours seulement après sa mise en service, le centre est déjà plein.
D’autres structures ont été ouvertes par les autorités mais leur capacité est extrêmement limitée. De nouveaux centres devraient bientôt voir le jour. Un accord avec le gouvernement a été trouvé pour l’ouverture de 5 000 places supplémentaires. « Mais ça va prendre du temps, il faut convaincre les maires, trouver des lieux, aménager des sites… », explique à InfoMigrants Mehdi Kassou, fondateur de la Plateforme citoyenne, qui déplore le manque d’action des responsables politiques. « Seulement 40 places ont été ouvertes depuis octobre et la grève des salariés de Fedasil ».
>> À (re)lire : Belgique : un centre pour demandeurs d’asile sous le feu des critiques
Pour protester contre « le manque d’action de nos autorités politiques », le personnel du Petit Château a arrêté le travail en octobre, pendant plusieurs jours. Les agents dénonçaient déjà le manque de places dans le réseau d’accueil et la dégradation de leurs conditions de travail. Ils réclamaient aussi le respect du droit d’asile et de la dignité des demandeurs.
« Fedasil et les humanitaires tirent la sonnette d’alarme depuis cet été. Le secrétaire d’État à l’Asile n’a pas tenu compte des avertissements, et maintenant on est face à des situations extrêmes. Tout cela était prévisible », peste Mehdi Kassou. « Il n’y a pas d’arrivées massives donc le problème est structurel. C’est une question de moyens ».
Infomigrants