Pour essayer de comprendre les agitations émotionnelles qui caractérisent régulièrement le débat sur notre histoire politique, il faut questionner la manière par laquelle on s’informe sur le sujet. Comment notre histoire nous a été raconté ? C’est évident que nos manuels scolaires ont beaucoup de limites sur la question. Et cela s’explique par plusieurs raisons.
Au temps du premier régime, le système de pensée unique n’offrait aucune possibilité à la contradiction dans les recherches et le débat. Alors il allait de soi que les détenteurs du pouvoir ne donnaient au peuple que ce qui les arrangeait; c’est-a-dire enseigner les éloges du PDG et ses membres pour instaurer un système de domination politique.
Pour en tirer profit, le second régime n’a pas voulu y apporter des réformes structurelles en élaborant des programmes de recherches sur le sujet. Naturellement le vernis sur le bâtiment en désuétude ne pouvait pas opérer la rupture nécessaire.
Le troisième régime a poursuivi la stratégie d’instrumentalisation et de sabotage de l’Éducation Guinéenne de sorte qu’on se retrouve avec un système plus politisé et moins efficace. Le résultat ne pouvait être que pire. De nos jours chacun peut le constater de là où il se situe.
Alors à défaut d’avoir des sources scientifiques fiables par la faute de l’État, la famille et le social occupent ce vide. La plupart des versions racontées de notre histoire politique nous viennent d’un témoignage. Soit d’un parent ou d’un proche qui raconte; selon le degré de confiance et le lien affectueux, cela devient la version officielle pour celui à qui elle est destinée.
Parmi ceux qui prennent la parole en public sur le sujet, combien citent des ouvrages scientifiques des historiens, sociologues ou politologues ? Combien disent avoir visité un musée de l’histoire pour témoigner de ce qu’ils ont appris ?
Rien qu’à voir la place de la recherche dans notre système éducatif, l’inexistence des bibliothèques et le manque de passion pour la lecture auprès des citoyens, on se rend compte que nous sommes un peuple en errance.
Qui a intérêt à ce que cela soit toujours ainsi ? Évidemment nos gouvernants qui ne veulent jamais qu’on comprenne les fondements du système de domination dont l’un des piliers est la version erronée de notre histoire politique.
Nos vampires se nourrissent grâce à nos émotions !