Malgré les moyens déployés des deux côtés du détroit pour empêcher les migrants de prendre la mer, plus de 28 000 exilés ont traversé la Manche cette année, direction le Royaume-Uni. C’est trois fois plus qu’en 2020.
C’est un record. En 2021, au moins 28 395 personnes ont rejoint les côtes britanniques par la Manche, soit trois fois plus que l’année précédente. En 2020, environ 8 400 candidats à l’exil avaient pris la mer, d’après les chiffres du Home Office, publiés le 3 janvier par l’agence de presse PA.
Sur le seul mois de novembre 2021, près de 6 900 personnes ont entrepris de traverser le détroit. Le 11, 1 185 personnes sont arrivées côté britannique, en seulement 24h.
Des traversées dangereuses
Depuis 2018 et le bouclage du port de Calais et d’Eurotunnel, les traversées sont en constante augmentation. Avant cette date, les migrants se cachaient à bord des véhicules et des camions pour passer la frontière. Mais avec le renforcement des contrôles, et la quasi-impossibilité pour les exilés d’accéder à la zone, beaucoup se sont donc tournés vers la mer, malgré les dangers.
Les courants, la température de l’eau et la densité du trafic maritime rendent la traversée périlleuse. Le 24 novembre, 27 personnes sont mortes dans le naufrage de leur embarcation, au large de Calais. Parmi elles, Maryam, une jeune femme kurde de 24 ans originaire d’Irak qui souhaitait rejoindre son fiancé en Angleterre.
Quelques jours plus tôt, un migrant d’une trentaine d’années avait trouvé la mort lors « du naufrage d’un small boat qui aurait eu des avaries, et qui aurait fait naufrage, notamment à cause de la surcharge », avait indiqué le procureur de la République de Dunkerque, Sébastien Piève.
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« Les embarcations sont de plus en plus surchargées et elles sont totalement inadaptées », avait expliqué Gérard Barron, le président de la station boulonnaise de la société nationale de sauvetage en mer (SNSM), à La Voix du Nord. Leur « rigidité est amenée par des planches en bois, non prévues pour aller en mer. Et il n’y a pas de renforts latéraux ». Conséquence : « Ces bateaux sont surchargés, et donc, dès qu’il y a une vague, ils se cabrent, se plient au milieu et commencent à couler. Le bois s’imbibe, il ne résiste pas ».
Des quads, des 4×4 et des zodiacs
Ces traversées constituent un sujet de tension régulier entre Paris et Londres, les autorités britanniques estimant insuffisants les efforts entrepris côté français pour empêcher les migrants d’embarquer malgré le versement d’aides financières. Face à une recrudescence des arrivées, la ministre britannique de l’intérieur Priti Patel avait menacé en septembre de ne pas verser la somme promise aux autorités françaises s’il n’y avait pas davantage de « résultats ».
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De son côté, le gouvernement français a fait savoir, en novembre dernier, vouloir déployer davantage de moyens pour empêcher les traversées de migrants depuis le nord de la France vers les côtes anglaises. Des quads, des 4×4, des caméras thermiques et des zodiacs font partie du dispositif. Coût de l’opération : 11 millions d’euros.
Le renforcement de la frontière, et les nombreuses discussions entre les deux gouvernements n’ont pas pour autant dissuadé les exilés, prêts à tous les dangers pour gagner le Royaume-Uni.