C’est malsain mais c’est devenu la règle. Et le Colonel l’a bien compris, il ne sert à rien d’engager le bras de fer avec la presse.
Ils sont bavards, ils emmerdent, ils acculent, mais ils ont le ventre creux. Il ne s’agit pas d’achèter leurs journaux ou d’empêcher toutes publications de leur part, il suffit juste de glisser quelques p’tits jetons dans leurs poches.
Ce sont des éternels nécessiteux. Ils n’ont ni à boire ni à manger. Ils vivent d’espoirs et peu suffit, pour contenter tout le monde.
C’est comme pour dire: “ Un ventre affamé n’a point d’oreilles”.
Tout le monde a applaudi des deux mains le Colonel. Sur la majoration de la subvention accordée aux médias, sur la promesse de construction d’un siège de la maison de la presse ou de l’allègement des redevances.
L’opération de séduction semble véritablement réussir. Le Colonel promet, la presse applaudit, et la plume qui dérange se range, c’est le pouvoir de l’argent. C’est cela l’évidence.
Mais la contrepartie est grande voire même désequilibrée. La valeur d’échange est complètement disproportionnée.
C’est une façon de dire aux journalistes, je vous ai compris, je vous ai entendus. Vous avez besoin de moi et j’ai besoin de vous également!
Parlez pour ne rien dire, et observez pour ne rien voir.
C’est une honte de voir la presse pleurnicher en plein jour.
La plume, le micro doit être désormais guidé par la danse du ventre et le sens des intérêts.
La transition doit être caressée dans le sens du poil.
Le Colonel tient la presse desormais.
Elle (presse) a faim, elle a besoin d’exister, et le Colonel a le bon remède.
Je jure, c’est parti encore pour boucler le bec des p’tits guelards de la République!
Pour toute cette transition, la presse sera inaudible, sourde et muette.
Car, dit-on assez souvent que c’est l’argent qui commande!
Et Bernard Tapie n’a pas menti en disant, je cite: “Pourquoi acheter un journal quand on peut acheter un journaliste ?”, fin de citation.
Derrière les promesses, se cache un deal!
C’est simple, “la liberté OUI, le désordre NON”, c’est du Colonel et c’est compris!
C’est un peu du genre, dites tout mais pour ne déranger personne au risque de vous maintenir dans votre état de pauvreté.
Aux journalistes donc de choisir?
Gagner ou perdre? C’est à eux de choisir.
Wassalam!
Habib Marouane Camara, éditorialiste.