Un réseau de trafic de migrants ouest-africains a été démantelé et une vingtaine de personnes interpellées, à Niamey et Maradi, a appris mercredi l’AFP, de la police nigérienne. Ces arrestations ont été opérées dans le cadre d’une enquête conjointe des polices nigérienne, française, et espagnole.
C’est un coup de filet important dans le milieu du trafic de migrants en Afrique de l’ouest. Une vingtaine de membres d’un réseau de trafic de migrants ouest-africains, transitant par le Niger vers l’Europe, ont été interpellés dans le cadre d’une enquête conjointe des polices nigérienne, française, et espagnole, a appris, mercredi 26 janvier, l’AFP de source policière nigérienne.
« Au total, une vingtaine de personnes ont été interpellées à Niamey et à Maradi (ville nigérienne du sud, proche du Nigeria) et une multitude d’objets et de faux documents saisis », a indiqué la police nigérienne dans un communiqué.
L’enquête a permis de définir les pays d’action du réseau ainsi que son mode de fonctionnement. La police nigérienne a notamment établi que les trafiquants de migrants opéraient entre la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Nigeria, le Togo, le Niger et l’Europe.
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La filière démantelée « est structurée » par « catégorie d’activité » : certains membres du groupe « organisent et facilitent » le trafic des migrants « à destination de l’Europe par voie aérienne avec l’usage de documents d’identité et/ou de voyage frauduleux ». D’autres « confectionnent de faux documents administratifs et privés », selon la police.
Du matériel utilisé pour ce trafic a également été saisi : des titres et documents de voyage et de séjour, du matériel informatique « de dernière génération », des pièces d’État civil et des attestations de test négatif au Covid-19. Quatre véhicules, dont un portant une fausse plaque d’immatriculation « Député national » ont également été confisqués.
Arrestations en octobre 2021
En France, c’est la direction de la coopération internationale de sécurité (DCIS), au ministère de l’Intérieur, qui lutte contre le trafic illicite de migrants, le terrorisme et la traite d’êtres humains. Depuis 2019, elle gère une trentaine de projets dans plusieurs pays « tiers ».
En octobre 2021, une enquête de policiers français, espagnols et nigériens, avait déjà débouché sur l’arrestation de membres d’un réseau de trafic de migrants à Zinder – région voisine de Maradi – alors qu’ils transportaient une quinzaine de migrants.
Le principal logeur avait également été interpellé alors qu’il hébergeait une quinzaine d’autres migrants à son domicile à Maradi.
Ce trafic avait pour origine la ville de Kano au Nigeria, d’où étaient originaires les clandestins qui devaient rallier l’Europe. Les trafiquants devaient les mener en Grèce ou en Italie en passant par la Libye, avait précisé le ministère français de l’Intérieur.
Au Niger ou ailleurs, 150 filières ont été démantelées et 543 « trafiquants » écroués. Pour le Niger en particulier, un premier financement de six millions d’euros avait été débloqué par l’Union européenne pour trois ans afin de permettre aux autorités françaises et espagnoles de lutter contre ces réseaux directement dans le pays.
Plus de « contrôles aux frontières » et « de patrouilles »
Enclavé au milieu du Sahel, le Niger est depuis plusieurs années un pays-étape pour des milliers de migrants subsahariens. Il concentre ceux qui y transitent sur le chemin de leur exil vers l’Europe, et les autres, arrivés là après avoir été expulsés – la plupart du temps de manière arbitraire – d’Algérie. Agadez, au centre, en est « la ville phare », des mots du ministre nigérien de l’Intérieur Alkache Alhada, interrogé par RFI en mai dernier. En réponse, le gouvernement a multiplié les initiatives visant à stopper les passages.
Parmi elles, le « renforcement des contrôles aux frontières », « l’équipement des postes de police frontaliers », des « patrouilles » plus nombreuses, et la « création de la compagnie mobile des contrôles des frontières ». Un tour de vis sécuritaire, « plus répressif », qui a permis selon le ministre « d’améliorer la situation » ces dernières années, sous l’impulsion de l’ex-président Mouhamadou Issoufou.
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De plus de 1 600 migrants en janvier 2020, la ville d’Agadez n’en comptait plus que 660 en décembre de la même année. La pandémie de Covid-19 et ses restrictions – à l’instar des fermetures de frontières – étant entre temps passées par là.
Dans ce carrefour de la migration, la circulation des migrants se fait désormais également en sens inverse. De plus en plus de personnes prennent la route depuis la Libye vers l’Afrique de l’ouest, découragées par les conditions de vie et les violences subies dans le pays.