Jeudi, les autorités tunisiennes ont récupéré six cadavres au large de leurs côtes à la suite d’un naufrage. Selon les 34 survivants, 30 victimes manquent encore à l’appel. L’embarcation était partie de Libye dans l’espoir de rallier l’Italie.
Les drames se succèdent en Méditerranée centrale. Un nouveau naufrage a fait six morts et 30 disparus, jeudi 27 janvier, au large des côtes tunisiennes.
Trente-quatre autres migrants ont pu être secourus par des unités maritimes militaires et des garde-côtes après l’accident de leur embarcation au large de Zarzis, dans le sud-est de la Tunisie, a signalé à l’AFP Mohamed Zekri, porte-parole du ministère tunisien de la Défense.
Selon les témoignages des survivants, 70 personnes, dont 15 Égyptiens, trois Soudanais et un Marocain, étaient à bord du canot, parti de Libye pour tenter de rallier les côtes européennes. Jeudi, les opérations de recherche étaient toujours en cours pour retrouver les 30 exilés portés disparus.
Les rescapés ont, de leur côté, été conduits au port d’El Ketef, dans la zone de Ben Guardane, a précisé Mongi Slim, responsable du Croissant rouge dans la région de Médenine.
Les autorités tunisiennes et les pêcheurs locaux portent régulièrement secours au large de leurs côtes à des migrants partis de la Libye voisine. Avec le courant et les vents, les frêles embarcations, surchargées et munies d’un moteur défaillant, dérivent souvent vers la Tunisie.
>> À (re)lire : Les pêcheurs tunisiens, sauveteurs de migrants malgré eux
Mais les exilés prennent également la mer depuis les côtes tunisiennes, là aussi au péril de leur vie. Le 20 janvier, 11 exilés ont perdu la vie dans le naufrage de leur embarcation, parmi eux une fillette âgée d’une dizaine d’années. D’après les survivants, le canot avait quitté la Tunisie avec, à son bord, 32 personnes, toutes Tunisiennes.
Dans le sud du pays, la situation est telle que les cimetières arrivent à saturation. Un nouveau lieu de sépultures a ouvert, l’été dernier, à Zarzis, mais ses capacités d’accueil sont déjà presque atteintes. Au total, environ un millier de dépouilles reposent dans la région.
Des départs depuis la Libye et la Tunisie en hausse
L’an dernier, les départs depuis la Tunisie et la Libye étaient en forte augmentation par rapport aux années précédentes. Les Tunisiens quittent massivement leur pays, en proie à une situation politique instable et une crise économique qui perdure.
Les chiffres du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTES) indiquent que, sur les neuf premiers mois de 2021, les garde-côtes tunisiens ont intercepté environ 19 500 migrants qui tentaient de traversée la Méditerranée.
En Libye, les exilés, principalement d’Afrique subsaharienne, fuient les violences dans cet État décimé par des années de guerre civile. Depuis fin 2020 et la signature d’un cessez-le-feu, les migrants doivent faire face à une recrudescence des violences et des enlèvements par des trafiquants libyens. Au large de la Libye, les autorités ont intercepté sur l’ensemble de l’année 2021 plus de 32 000 personnes, soit trois fois plus qu’en 2020.
Cette hausse des départs coïncident avec celle des arrivées en Italie. Entre janvier et novembre 2021, près de 55 000 personnes ont débarqué dans le pays, contre un peu moins de 30 000 en 2020, selon les données officielles italiennes.
La Méditerranée reste la route migratoire la plus meurtrière au monde. En 2021, près de 1 300 migrants sont morts ou ont été portés disparus dans cette zone maritime, selon les statistiques de l’Organisation internationale des migrations.