Pour parler de la naissance de la monnaie guinéenne, il faut déjà rappeler le contexte historique.
La Banque de la République de Guinée (BRG) est crée le 29 février 1960 par une ordonnance (PRG no 010) sous forme d’une banque à vocation universelle exerçant à la fois des fonctions d’institut démission, de banque commerciale et de banque de développement.
C’est un 1er mars que la monnaie guinéenne voitle jour.
N’oublions pas que la Guinée est le premier pays des colonies françaises à obtenir l’indépendance par référendum. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France essaye de mettre en place une nouvelle association avec ses colonies. Mais, contrairement aux attentes de la France, la Guinée vota massivement le non, au référendum du 28 septembre 1958, et obtint donc son indépendance le 2 octobre 1958. Dès lors, la France se trouvait dans une situation difficile, le général de Gaulle ayant en effet promis de leur accorder l’indépendance, mais il ne souhaitait pas créer un précédent en Afrique qui pourrait donner des idées aux autres pays colonisés.
Il fallait donc accepter l’indépendance du pays tout en prenant des sanctions économiques pour, en quelque sorte, montrer que l’indépendance n’était pas une voie à suivre pour développer l’Afrique. Et la première sera bien sûr prise sur la monnaie : il ne fallait pas que la Guinée puisse rester dans la zone du franc et puisse profiter du Franc CFA en place à l’époque dans les colonies africaines. Car c’était bien sûr la première volonté du jeune président Sékou Touré, qui en fit la demande dès le 15 octobre 1958. Mais, pour le général de Gaulle, ce n’était pas du tout envisageable.
Mais comme nous étions à l’époque en pleine guerre froide, les pays communistes ont vu en Guinée une formidable occasion d’étendre leur zone d’influence en Afrique. Les autres pays européens s’étaient automatiquement alignés sur la décision française, donc la Guinée n’avait d’autre choix que de s’en remettre au bloc de l’Est. C’est ainsi que, dès 1959, des experts économiques du bloc de l’Est ont débarqué en Guinée pour aider le jeune gouvernement à créer un nouvel État et à mettre en place une réelle politique économique.
La Guinée possédait en effet les ressources nécessaires pour mettre en place son développement. Elle possédait le secteur agricole le plus performant de toute l’Afrique de l’Ouest, des ressources minières non négligeables et qui étaient déjà en exploitation, et elle possédait en plus un gros potentiel hydroélectrique, qui serait susceptible de permettre l’industrialisation du pays. C’est ce qui permit le 1er mars 1960 la création du franc guinéen, ainsi que la création de la banque de la République de Guinée, qui sera responsable de son émission et qui sera aussi responsable d’accorder des crédits aux entreprises qui en auraient besoin.
Mais il ne faut pas oublier que l’argent sert essentiellement à financer l’État, puisque nous sommes dans une économie socialiste. C’est en effet l’État qui possède les moyens de production et l’économie est complètement centralisée. C’est d’ailleurs de là que viendront les différents problèmes monétaires que la jeune république devra traverser. La banque centrale est en effet obligée de fabriquer de l’argent pour financer les entreprises d’État qui étaient déficitaires. Ce qui provoque irrémédiablement une forte inflation, et c’est pour essayer de limiter ses effets que le pays change régulièrement de billets afin de réévaluer la monnaie de manière artificielle. Cette politique mettra le pays à genoux et débouchera sur le coup d’État militaire d’avril 1984 qui fera rentrer le pays dans l’économie libérale par la force.
Par Camara Mèmè