Environ 140 familles ont été mises à l’abri samedi par la mairie de Paris. Ces femmes et ces enfants, qui vivaient à la rue, s’étaient rassemblés deux jours plus tôt pour réclamer un logement. En début de semaine déjà, une centaine d’Africaines avaient été hébergées dans un gymnase municipal après une manifestation sur la place de l’Hôtel de ville.
Elles ont fait le pied de grue pendant deux jours devant l’Hôtel de ville, en plein centre de la capitale. Des dizaines de femmes, venues d’Afrique et du Moyen-Orient, ont passé leurs nuits sur la place pour réclamer un hébergement décent. Accompagnées de leurs enfants, elles ont installé leurs tentes sous les fenêtres des élus de Paris jeudi 16 juin. Ces familles vivaient sur les trottoirs du nord-parisien.
Ce n’est finalement que samedi, alors que les températures avoisinaient les 40 degrés, que la Ville a pris la décision de les mettre à l’abri en ouvrant en urgence un gymnase. Au total, environ 140 femmes et enfants, dont le plus petit est âgé de seulement deux mois, ont pu profiter d’un logement provisoire. Leurs maris n’ont en revanche pas été pris en charge dans ces hébergements d’urgence, selon l’association Utopia 56.
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« Comme elles ont vu que d’autres avaient pu être hébergées quelques jours plus tôt, elles ont suivi le même mode d’action », a expliqué à InfoMigrants Océane Marache, d’Utopia 56, qui suit depuis plusieurs mois ces familles et les orientent vers des hébergements citoyens.
Mardi déjà, une centaine de familles, majoritairement ivoiriennes, avaient manifesté devant la mairie de Paris avec les mêmes revendications. Le soir-même, elles avaient pu prendre place dans un gymnase du 12e arrondissement, ouvert par la Ville.
Ces exilées devraient ensuite être orientées par les autorités dans des structures en fonction de leur statut administratif : dans des centres d’accueil pour demandeurs d’asile ou réfugiés ou dans des hôtels.
« C’est à l’État d’assumer ses responsabilités »
Lors de la première manifestation mardi, Ian Brossat, adjoint chargé de l’hébergement d’urgence et de la protection des réfugiés à la mairie de Paris, avait critiqué les décisions prises par la préfecture d’Ile-de-France. « C’est à [l’Etat] d’assumer ses responsabilités car l’hébergement [des migrants] relève de ses compétences », avait-il dit à InfoMigrants.
Selon lui, un hall d’exposition contenant 500 places vides à porte de Versailles (nord de Paris), géré par l’État, aurait dû héberger ces personnes. Mais le lieu, réservé aux déplacés ukrainiens, « n’est pas adapté à la demande d’hébergement formulée par ces familles présentes devant la mairie de Paris », lui avait répondu la préfecture.
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Des arguments qui ne convainquent pas Ian Brossat. « C’est complètement absurde, un gymnase n’est pas plus adapté qu’un hall dans un centre d’exposition », rétorquait alors l’élu. « Et c’est d’autant plus insupportable que des lieux existent avec des places disponibles. C’est bien de mobiliser des places pour les Ukrainiens mais quand ces structures sont vides, on peut les attribuer à des familles non-ukrainiennes. L’État a clairement pris la décision de laisser ces gens dormir dans la rue », déplorait-il.
Samedi encore, l’histoire s’est répétée devant l’Hôtel de ville. L’État a fait la sourde oreille, forçant la Ville à réagir, seule. « Comme d’habitude, la mairie s’en occupe alors que l’État, dont c’est le rôle, est aux abonnés absents », peste Océane Marache.