Le Ministère de l’Enseignement Pré-universitaire et de l’Alphabétisation, dans le but de combler le vide de plus de 20.000 enseignants devant servir en classe, suspend des postes de secrétaire, poste de chargé des ressources matérielles, agent de santé et l’hygiène scolaire, bibliothécaire documentaliste et chargé des TC, chargé de laboratoire et suppléant, pour , disent-ils, servir en classe. Ce fait, bien que l’intention en soi soit qualifiée de bonne, il suscite des interrogations suivantes :
●Des études préalable ont- elles été faites avant la signature d’un tel acte ? A-t-on tenu compte des projets en cours dans le cadre de la construction des bibliothèques, des infirmeries, des salles informatiques, des laboratoires , etc ? Quelles seraient les conséquences d’une telle suspension sur la vie de l’école guinéenne? Est-il normal qu’une école soit sans infirmerie ? Sans bibliothèque ? Sans laboratoire ? Sans salle informatique ? Sans au moins un suppléant pour combler le vide au cas où un enseignant serait absent ? Quel type d’école voulons-nous réellement ?
●Les cadres devant servir en classe sont-ils aptes, sont-ils compétents et capables de servir en classe ? Peut-on les classer en combien de catégories ?
A posteriori, les cadres dont les postes sont suspendus pour servir en classe peuvent être classés en 5 catégories :
1-Des enseignants fatigués et qui sont au seuil de la retraite. Donc, des enseignants improductifs.
2-Des enseignants maladifs à vie se trouvant dans l’incapacité de tenir une classe.
3- Des cadres dont la formation académique ne rime pas avec les besoins du MEPU-A en terme de programmes d’enseignement à l’enseignement pre-universitaire et de l’Alphabétisation, par exemple, un cinématographe sorti de l’institut des beaux-arts de Dubréka, engagé à l’enseignement pre-universitaire pour servir en classe, quelle matière va-t-il enseigner ?
4-Des cadres incompétents et inaptes d’enseigner et non formables. On se demande comment sont-ils devenus fonctionnaires au compte du ministère de l’environnement pre-universitaire et de l’Alphabétisation ?
5-Des cadres compétents mais qui seraient sortis de la classe à cause de leurs relations personnelles avec des responsables du système éducatif ou leur position politique. Ces derniers sont academiquement, didactiquement et pedagogiquement aptes d’enseigner, mais seront-ils psychologiquement prêts à bien enseigner avec ce changement brusque non concerté de statut non souhaité ?
Par analogie, c’est comme si on venait dire à un commandant de l’armée que dorénavant, qu’il est redevenu capitaine par manque de capitaine dans l’armée alors que d’autres militaires souhaiteraient devenir capitaines. Cela crée la frustration. Un enseignant frustré, blessé dans son âme, sera-t-il motivé ? Donnera-t-il le meilleur de lui-même ? Comment mesurer la performance de ces enseignants en situation de classe quand on sait que l’inspection Générale de l’éducation se trouve dans un état de léthargie totale ?
Ces interrogations débouchent sur la problématique fondamentale : dans quel paradigme du système éducatif voulons-nous nous inscrire ? L’élitisme à la française ou le pragmatisme à l’Anglo-Saxonne ? Ou le modèle tiré de la dialectique des deux (2) termes. Avec quelles ressources humaine et financière ? Quels moyens matériels ? Quels enseignements ? Quels programmes d’enseignement ? Quelles infrastructures scolaires ? Quels impact sur le développement durable ?
En définitive, quand on s’inscrit dans une réforme dans le cadre de l’éducation, on doit s’interroger sur 2 impacts :
1-Limpact pédagogique de la réforme en terme d’apprentissage à l’enseignement ; est-ce que l’utilisation de ces cadres aura une valeur ajoutée sur la qualification de l’éducation ou créera-t- elle d’autres problèmes ?
2-L’impact financier : est-ce que nous avons les moyens financiers nécessaires pour faire face aux conséquences de la réforme en gestation ?.
Nous savons que ces cadres, n’étant pas initialement en situation de classe, n’étaient pas prévus dans le cadre du paiement des primes dont les primes d’incitation ou d’éloignement. Leur mutation en classe doit, en principe, être accompagnée par le paiement de ces primes. Sommes-nous prêts à y faire face ? Par exemple, tous les cadres mutés en Guinée forestière devraient voir leurs salaires augmentés de 1.000.000 GNF au compte de prime d’éloignement. S’ils sont 1000 enseignants seulement pour la forêt, il faut prévoir un milliard en terme de budget supplémentaire sans compter les autres primes liées au fait d’être enseignant en situation de classe. Des études ont-elles été faites dans ce cadres ?
La réforme concerne combien d’enseignants ? Vont-ils reprendre leurs fonctions après le recrutement des enseignants contractuels comme prévu ?
Par ailleurs, avec la suspension de ces postes, les enseignants contractuels doivent-ils toujours espérer ?
Tant vaut l’Enseignant, tant vaut l’École !