Les plus hautes autorités de Guinée-Bissau ont fait pression sur l’Union Africaine (UA) pour empêcher le journaliste Aly Silva de participer à un séminaire régional sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique lusophone. L’initiative, qui devait avoir lieu dans la ville de Praia, Cabo Verde, entre le 29 et le 31 août, a fini par être reportée sine die.
La plainte émanait du propre secrétariat de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, un organe de l’UA basé à Banjul, en Gambie. Cependant, dans le message adressé aux invités, le comité n’a affirmé que des « facteurs non liés » à sa volonté d’annuler l’événement. La source, qui a demandé l’anonymat, a directement remis en question le rôle du président de la Guinée-Bissau inicimaro Sissoco Embaló, dans une tentative d’empêcher la participation du journaliste à l’initiative.
Il est possible qu’Embaló soit intervenu dans ce sens, puisque sa proximité avec son homologue sénégalais, Macky Sall, l’actuel président de l’UA est connue. Le leader guinéen entretient également des liens étroits avec l’influenceur général Muhammadu Buhari, chef d’État du Nigeria, l’une des puissances du continent.
« JE MANQUE DE RESPECTE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION »
C’est grâce à ces soutiens qu’en 2021 il a obtenu son plus grand rival politique, Domingos Sim gues Pereira – chef du parti africain pour l’indépendance de la Guinée et Cabo Verde (PAIGC), la plus grande force politique guinéenne, et ancien exe secrétaire de la Communauté des pays lusophones — être démis de la tête d’une mission d’observation de l’UA aux élections présidentielles à São Tomé et Prince, auxquelles elle avait été invitée par l’organisation continentale elle-même.
Contacté par l’Express, le représentant de l’UA à Bissau, le diplomate sao-tomenais Ovídio Pequeno, a admis avoir été informé de l’organisation du séminaire. Il affirme cependant ignorer les manigances qui ont conduit à l’annulation de l’initiative dans la capitale Cap Vert
Pour sa part, Aly Silva, le journaliste visé par les autorités à Bissau, a confirmé les informations concernant l’opposition du pouvoir guinéen à sa présence au séminaire qui visait à promouvoir la sensibilisation et la diffusion de la Déclaration sur Principes premiers de la liberté d’expression et de l’accès à l’information en Afrique, en particulier dans les États lusophones. Silva a considéré l’incident révélant le » mépris de la liberté d’expression » en Guinée-Bissau.
Ancien collaborateur de l’hebdomadaire éteint « The Independent », Aly Silva est l’éditeur du blog le plus populaire du pays, Consensus Dictature. Elle est l’une des voix critiques les plus irrévérentes et courageuses du journalisme guinéen. Il a échappé à au moins deux tentatives de meurtre et, en mars 2021, a été kidnappé au milieu de la capitale, battu puis abandonné insensé par la rivière Geba, qui se déverse dans la ville. Même là, il n’a pas quitté le pays.
Silva est également connu pour sa proximité avec le leader de l’opposition en Guinée-Bissau, Domingos Sim. es Pereira. C’était un chef de gouvernement de 2014 à 2015.
L’Union des journalistes et techniciens de communication sociale de Guinée-Bissau (SINJOTECS) est au courant de l’incident et fait le tri des faits avec les partenaires, avant de prendre position. Pourtant, sa présidente, Indira Correia Baldé, journaliste de la délégation RTP Afrique à Bissau, s’est déclarée préoccupée par ce qu’elle considère comme une autre attaque à la liberté d’expression, dans un pays où les attaques et les persécutions de journalistes ont péri Ils sont impunis et sont surnommés par les autorités policières « cas isolés ».