Neuf migrants ont été blessés, selon les autorités, dans une fusillade qui a éclaté, mardi, dans un campement de migrants de Loon-Plage, près de Dunkerque. Les circonstances de ces heurts sont floues. Le lendemain, le camp d’environ 500 personnes a été démantelé.
Une fusillade a éclaté, mardi 30 août, dans un campement de migrants de Loon-Plage, près de Dunkerque, faisant neuf blessés selon les autorités. Certains auraient été blessés grièvement. Une enquête est en cours.
Les circonstances de ces heurts sont floues. Selon le journal local La Voix du Nord, ces affrontements auraient été initiés par des passeurs kurdes envers la communauté soudanaise. « Tout ça, c’est du bouche à oreille, ce ne sont pas des informations fiables », commente Pauline, coordinatrice au sein du collectif Human Rights Observers (HRO), qui n’a pas voulu communiquer son nom de famille.
Des disputes avaient éclaté, plus tôt au cours de la journée du mardi, sur ce lieu de vie informel où les tensions sont fréquentes. « La précarité de ces personnes est propice aux conflits, explique encore Pauline. Ici, on se dispute pour une place, un bout de terrain, de l’eau ou de la nourriture. »
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L’eau est notamment une préoccupation quotidienne pour les migrants vivant dehors dans les environs de Calais et de Grande-Synthe, l’accès y étant limité, notamment sur ce terrain. Un problème d’autant plus prégnant par des températures estivales.
Le 10 août, un migrant sud-soudanais de 22 ans est mort noyé dans le canal de Bourbourg situé à proximité d’un campement informel de Grande-Synthe. Selon des associations contactées par InfoMigrants, le jeune homme voulait simplement faire sa toilette. La préfecture du Nord, elle, a précisé à l’AFP que la mort du jeune homme était due « à une chute accidentelle ».
« Tout ça, c’est de la faute de l’État »
Pour les associations sur place, l’absence d’un dispositif d’accueil dans cette région, dans laquelle transitent pourtant des milliers de migrants depuis des années, est responsable de ces drames. « Tout ça, c’est de la faute de l’État, qui est défaillant et ne répond pas aux besoins de ces personnes », s’énerve Pauline.
La diversité des origines des exilés sur le campement de Loon-Plage, et la difficulté pour certains de communiquer entre eux, faute de langue commune, contribuerait à une ambiance conflictuelle, précise par ailleurs la militante.
Quelque 500 personnes vivaient encore mardi sur ce campement : des Kurdes, des Iraniens, des Irakiens, des Afghans, des Soudanais, et un nombre toujours plus important d’Albanais.
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Dès le lendemain de la fusillade de mardi, hasard du calendrier selon les associations, une opération de démantèlement a eu lieu sur le camp de Loon-Plage.
« Les policiers sont arrivés avec un énorme convoi », raconte Pauline, présente sur place ce jour-là. « Ils ont établi un périmètre puis détruit les affaires des migrants : des tentes, des sacs à dos, des téléphones, des chargeurs, etc. », affirme-t-elle, dénonçant des méthodes récurrentes.
Moins d’une centaine de personnes ont été mises à l’abri à l’issue de cette opération. Les autres ont repris place au même endroit.
D’autres fusillades ont eu lieu ces derniers mois dans la région. Le 22 août, un migrant avait été poignardé à plusieurs reprises à Loon-Plage. En mai dernier, deux autres personnes avaient été blessées dans des échanges de coups de feu, qualifiés alors d’inédits, dans un vaste campement de Grande-Synthe.