A la tête du parti nationaliste Fratelli d’Italia, cette figure de l’opposition défend une ligne très dure sur l’immigration, la famille ou encore l’avortement.
Elle pourrait bien devenir le nouveau visage du pouvoir en Italie. La nationaliste Giorgia Meloni signe avec son parti, Fratelli d’Italia, le meilleur score aux élections législatives, dimanche 25 septembre. Avec plus de 26% des suffrages exprimés, la formation d’extrême droite pèse lourd dans la coalition en tête (environ 43% des suffrages selon les derniers décomptes), majoritaire à la Chambre des députés et au Sénat. Un score qui permet à la leader de se voir déjà présidente du Conseil (l’équivalent de Première ministre en Italie).
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Modèle social, avortement, économie… Alors que Giorgia Meloni a confirmé son intention de diriger le gouvernement à venir, franceinfo revient sur les points marquants de son programme et ses projets pour l’Italie.
Une politique résolument nataliste…
Il s’agit du tout premier thème abordé dans le programme de Fratelli d’Italia : le « soutien à la natalité et à la famille ». Depuis ses débuts militants dans les années 1990, Giorgia Meloni défend un modèle familial traditionnel et tourné vers la procréation. Elle entend ainsi instaurer le quotient familial pour alléger les impôts à chaque nouvel enfant, augmenter les allocations familiales, faciliter l’accès aux crèches ou encore allonger le congé parental.
Ces mesures sociales s’accompagnent toutefois d’un encadrement plus strict de l’accès à l’avortement. Giorgia Meloni considère l’avortement comme une « défaite » et vise, dans son programme, la « prévention » de l’IVG et la présentation d’autres « options ». Elle cherche par exemple à protéger l’objection de conscience des médecins, qui leur permet de refuser un tel acte. « Je ne veux pas changer la loi [sur l’avortement], je veux y ajouter des droits », s’est défendue Giorgia Meloni dans la presse italienne, en proposant notamment une aide financière aux femmes pauvres désirant avorter, si cela peut les empêcher de mettre fin à leur grossesse.
… contre l’immigration et le supposé « lobby LGBT »
L’augmentation de la natalité en Italie représente, pour Fratelli d’Italia, une façon de conserver « une démographie italienne ». Comprendre : limiter la part des enfants issus de l’immigration dans la population totale. « Je ne dis pas que les étrangers ne devraient pas avoir d’enfants, mais nous devons créer les conditions pour que les Italiens se reproduisent », déclarait en janvier 2021 Carlo Ciccioli, un cadre du parti, qui a créé la polémique en parlant de « substitution ethnique » – une idée proche de la théorie raciste et complotiste du « grand remplacement ».
Farouche opposante au droit du sol, Giorgia Meloni appelle dans son programme à arrêter les flux d’immigration irrégulière. Elle a d’ailleurs plusieurs fois réclamé que les ports italiens refusent les bateaux ayant secouru des migrants en mer Méditerranée. Pour compléter son projet démographique, la cheffe de file de l’extrême droite appelle en page 32 de son programme à « encourager le retour des Italiens à l’étranger ».
L’engagement de Giorgia Meloni pour la natalité va de pair avec ses positions homophobes. La Romaine de 45 ans est ouvertement opposée au mariage des couples homosexuels (seule l’union civile est autorisée en Italie) ainsi qu’à l’adoption d’enfants par des couples de même sexe. « Oui à la famille naturelle, non au lobby LGBT ! Oui à l’identité sexuelle, non à l’idéologie du genre ! » avait-elle scandé lors d’un meeting en Espagne (article en espagnol réservé aux abonnés) en juin dernier. Avant de dérouler l’un de ses slogans favoris : « Dieu, patrie, famille ».
Un plan économique souverainiste
Côté économie, le programme de la coalition dont fait partie Giorgia Meloni reste très flou, ce qui lui vaut d’être qualifié de populiste. Elle milite en effet pour des réductions d’impôts à tous les étages (entreprises, ménages) mais souhaite en même temps que l’Etat italien investisse davantage dans une industrie nationale et dans le protectionnisme. Son marqueur reste toutefois la préférence nationale et le « Made in Italy » (en anglais dans son programme).
Giorgia Meloni souhaite par ailleurs réorienter le plan de relance italien (PNRR) voté par la Commission européenne en 2021 pour soutenir les économies fragilisées par la crise du Covid-19. Pour elle, cette épaisse enveloppe (191 milliards d’euros) doit servir en priorité à construire des infrastructures, à désenclaver certaines régions, mais aussi à limiter l’inflation causée par la guerre en Ukraine.
Elle l’a répété lors de ses derniers meetings, Giorgia Meloni ne milite plus pour un « Italexit » (une sortie de l’Union européenne), mais réclame « une Europe confédérale » et moins régulatrice. Une Europe qui devrait, toujours selon elle, accorder plus de répit à l’Italie concernant sa dette abyssale (la deuxième plus élevée de la zone euro, après celle de la Grèce).