Ah donc, monsieur le ministre, si l’on ne se reproche de rien, on n’aura aucun ennui judiciaire en restant ou en revenant en Guinée, dites-vous ?
Soit vous êtes bien jeune, soit vous êtes tout simplement cynique, sinon vous savez très bien que sous le premier régime, de nombreux personnages furent arrêtés, humiliés ou vaporisés et disparurent sans même savoir pourquoi. Tout simplement par intolérance politique des gouvernants absolutistes envers eux et envers leurs aspirations à voir le pays gouverné autrement ou parce qu’ils relevaient un peu trop la tête devant le Fama et les personnes influentes de sa famille.
Cette conscience mémorielle est prégnante en Guinée et les pratiques n’ont guère changé. Ne vous en déplaise !
D’ailleurs, les personnalités que vous visez dans vos sorties médiatiques savent à leurs dépens que le pouvoir exécutif peut écraser tout Guinéen en foulant aux pieds le pouvoir judiciaire.
Que ne parlez-vous donc, vous qui vous écoutez parler, de leurs domiciles privés, l’un démoli par force pour y construire une école publique, l’autre concédé arbitrairement à un établissement public à caractère professionnel, alors même que les deux affaires étaient pendantes devant les juridictions !
Quel crétin des Alpes peut croire en une telle justice, en un tel régime ?
Chat échaudé craint l’eau froide.
La plus grande fureur, le comble de la frustration de votre tandem exécutif-judiciaire est d’avoir laissé filer ces deux leaders politiques malins comme un singe. Leur absence vous tracasse, leur liberté vous turlupine, le fait qu’ils ne soient plus en votre pouvoir vous fait enrager. L’agenda caché en prend un sérieux coup.
Mais soyez-en persuadé, ils reviendront un jour comme le chevalier Bayard, sans peur et sans reproche. Personnellement, je n’en doute point.
El Béchir