Tunis (dpa) – Du haut de ses 34 ans, la Malienne Seynabou Dieng a réussi, avec ses produits agroalimentaires, à se frayer un chemin dans un secteur longtemps dominé par les enseignes européennes. Seynabou est la promotrice de Maya , une entreprise spécialisée dans la production de sauces piquantes en conserve, de chapelure, d’épices en poudre, de fonio et de diverses aides culinaires, fabriquées à partir de matières premières issues de l’agriculture locale. Maya collabore avec 11 coopératives agricoles et emploie une vingtaine de personnes dont principalement des femmes, déclare Seynabou dans un entretien accordé à la dpa.
Elle dispose d’une gamme de dix produits agroalimentaires qui sont distribués dans plus de 150 points de vente, à travers le Mali, le Sénégal, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Si la jeune femme a osé se lancer, en 2017, dans la transformation agroalimentaire, c’est dans l’objectif de réconcilier les consommateurs avec les produits cultivés et transformés en Afrique et ainsi offrir plus d’opportunités aux agriculteurs locaux.
Après un diplôme d’études universitaires générales (DEUG), en économie obtenu à l’Université Paris-Sorbonne (France), suivi d’un Master spécialisé en stratégie et management international, Seynabou décide de rentrer en 2015 au Mali pour contribuer au développement le fils paie. « À l’époque, j’ai été frappée de voir qu’il n’y avait que très peu de marques d’agroalimentaire locales sur le marché malien. En contrepartie, les enseignes européennes inondaient les rayons des supermarchés », dit-elle.
Des richesses agricoles innombrables
« Cette situation m’a contrariée car notre pays regorge d’innombrables richesses agricoles. Cependant, nos agriculteurs n’arrivent pas à vivre de leur travail. Beaucoup d’entre eux sont contraints de venir travailler dans les villes pour aider leurs familles », explique-t-elle encore. « L’idée était donc d’offrir une réponse innovante à ce problème en offrant une industrie équitable qui collecte les matières premières auprès des agriculteurs à un prix convenable, les transformées en produits d’épicerie écoresponsables et les commercialise dans toute la sous-région », ajoute la jeune femme.
Selon elle, le lancement de cette entreprise intervient également dans l’optique de pallier les pertes agricoles post-récolte et de réduire les légumes invendus, faute de moyen de conservation. Lauréate, en 2021, du prix Cartier Women’s Initiative , une compétition internationale qui encourage l’entrepreneuriat féminin, Seynabou vient de lancer récemment une gamme de produits nutritionnels qu’elle souhaite exporter, à l’horizon 2023.
D’ici peu, elle envisage de construire une usine au Sénégal afin d’augmenter la capacité de production de sa marque. « Nous sommes très fiers d’avoir réussi, en seulement cinq ans, de construire une forte notoriété autour de la marque Maya. Nous avons pour ambition de continuer à satisfaire nos clients en renforçant durablement la valeur ajoutée de nos produits, leur caractère innovant, responsable et nutritionnel », souligne l’entrepreneure.