Visa facilité, cours de langue, premier logement gratuit… certains employeurs allemands mettent les moyens pour recruter des candidats tunisiens qualifiés dans les secteurs où la main-d’œuvre manquent, tels que la santé, l’informatique, l’hôtellerie-restauration, le bâtiment, ou encore la conduite de poids lourds.
La Tunisie connait un exode croissant de sa jeunesse en raison des graves difficultés économiques traversées par le pays. Depuis deux ans, l’Allemagne est devenue une destination de choix pour ces jeunes, souvent diplômés, habituellement désireux de rejoindre la France, le Canada, et les pays du Golfe.
Cette année, de janvier à octobre 2022, quelque 5 474 autorisations de travail ont été accordées par l’Allemagne à des Tunisiens, soit un millier de plus qu’en 2021, et plus du double qu’en 2020. L’absence de quotas et une reconnaissance accrue ces dernières années des diplômes étrangers, y compris pour les qualifications d’avant Bac, explique en partie ce dynamisme.
La première économie européenne souffre aussi d’un manque de main-d’œuvre dans des domaines tels que « la santé ou l’informatique, mais aussi dans l’hôtellerie-restauration, le bâtiment, la pose de fibre optique ou la conduite de poids lourds », indique Narjess Rahmani, directrice de l’agence d’aide à l’émigration « Get In Germany », interrogée par l’AFP
Visa facilité, cours de langue, logement gratuit…
Pour faciliter l’obtention du visa, dans les secteurs sous tension, certains employeurs procurent au candidat un contrat d’embauche ou d’apprentissage. Et pour relever la barrière de la langue il arrive que ces employeurs financent même une formation linguistique de base (niveau B1, soit environ six mois d’allemand)
Par ailleurs, la France attire moins qu’avant, si l’on en croit Nermine Madssia, une ingénieure hydraulique, interrogée par l’AFP. Voilée, la jeune femme a préféré l’Allemagne considérant qu’il y avait en France du « racisme » antimusulman.
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L’Allemagne facilite aussi les embauches en recrutant à distance et en offrant des opportunités de logements pour attirer des emplois très prisés. C’est le cas pour ce jeune infirmier tunisien à peine sorti d’études, qui raconte avoir décroché un contrat de travail dans une clinique de Wiesbaden, où son employeur allemand propose même de le loger gratuitement durant les six premiers mois.
Plus d’un jeune Tunisien sur deux rêve de partir
La Tunisie vit une grave crise politique depuis que le président Kais Saied s’est emparé de tous les pouvoirs en juillet 2021, à laquelle s’ajoute une crise économique affectant plus particulièrement la jeunesse avec un chômage à 30% pour les jeunes diplômés. Toutes ces raisons poussent un jeune Tunisien sur deux à vouloir quitter le pays, selon l’AFP.
Plus de 40 000 ingénieurs ont émigré ces cinq dernières années, ainsi que plus de 3 300 médecins. Tandis que 16 000 Tunisiens sont arrivés clandestinement en Italie depuis début 2022.
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Avec infomigrants