Pour contrer les entrées croissantes de migrants sur leurs territoires respectifs, Berne et Berlin ont fait le choix de la coopération. Le plan d’action signé mardi par les deux États prévoit notamment des patrouilles de police conjointes et l’accélération des procédures de demandes d’asile.
Face à au nombre accru de migrants qui traversent les frontières de cette partie de l’Europe, la Suisse et l’Allemagne ont choisi de faire front commun. Mardi 13 décembre, les deux pays se sont accordés sur un plan d’action de lutte contre la migration irrégulière, à l’issue d’une rencontre entre la ministre allemande de l’intérieur Nancy Faeser et la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, à Berlin.
« Il est important que chaque pays fasse sa part, mais sans une coordination internationale et une concertation entre voisins, on ne peut pas combattre efficacement la migration irrégulière », a déclaré cette dernière après la signature du document.
Si Nancy Faeser a, pour sa part, insisté sur la volonté de maintenir les frontières ouvertes entre la Suisse et l’Allemagne – pour des raisons économiques notamment – des contrôles plus réguliers sont tout de même prévus dans les trains qui traversent les deux pays, par des patrouilles mixtes. Des « opérations de recherche communes dans la zone transfrontalière » seront aussi intensifiées « pour contrer les passeurs et empêcher des migrations secondaires », indique un communiqué du département fédéral de justice et police (DFJP).
Des évolutions sont également à prévoir du côté du système d’asile. Ainsi, dans les deux pays, « les demandes de ressortissants d’États avec un faible taux de reconnaissance de la qualité de réfugié sont traitées en priorité, dans des procédures accélérées ». « La Suisse et l’Allemagne veulent éviter que les migrants sans besoin de protection ne surchargent les systèmes d’asile », a justifié le DFJP sur Twitter.
Les requérants déboutés, eux, seront « systématiquement renvoyés ». En 2012, la Suisse avait pris des mesures similaires, dites fast-track. Des procédures toujours en règle pour les requérants originaires des États du Maghreb ou d’États déclarés exempts de persécutions.
Au niveau européen, le plan d’action prévoit la participation accrue des deux États signataires dans les procédures de retour communes aux pays de l’espace Schengen. « Il s’agira aussi d’accélérer les transferts Dublin et de les rendre à nouveau possibles vers tous les États Dublin, de sorte que la procédure d’asile puisse être menée à son terme dans l’État responsable », affirment les autorités suisses.
La mise en œuvre du plan d’action bilatéral sera évalué début 2023 par les deux États qui pourront, au regard des résultats obtenus, y apporter des mesures complémentaires.
En Suisse, l’accueil saturé
La Suisse et l’Allemagne font partie des pays prisés par les migrants qui empruntent la route des Balkans occidentaux. Cette année, cette voie migratoire a connu un regain des passages : près de 130 000 entrées irrégulières y ont été comptabilisées par l’agence européenne de surveillance des frontières (Frontex). Partis de Turquie, les migrants, syriens et afghans pour la plupart mais aussi des exilés tunisiens ou marocains, remontent ensuite vers l’Europe du Nord via la Bulgarie, la Macédoine du Nord, la Serbie, et la Hongrie. Pour arriver en Suisse, en Allemagne ou en Autriche.
Depuis le mois d’août surtout, face à l’arrivée de nombreux migrants, la Suisse est confrontée à un manque d’hébergement pour accueillir les nouveaux demandeurs d’asile. D’après la radio télévision suisse (RTS), plus de 800 requérants déposent leur dossier chaque semaine. Et ils ont été plus de 3 000 pour le seul mois d’octobre. Un niveau jamais atteint depuis la Seconde Guerre mondiale », a affirmé, jeudi 27 octobre, Christine Schraner Burgener, secrétaire d’État aux migrations.
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En septembre, pour freiner les arrivées de migrants, Berne avait signé un autre plan d’action, cette fois avec l’Autriche. Celui-ci prévoyait des patrouilles communes dans le trafic ferroviaire transfrontalier et l’application des procédures de retour effectives.
Avec infomigrants