Dans son dernier rapport, présenté lundi, l’ONG Caminando fronteras a dévoilé ses bilans des migrants morts et disparus sur les routes migratoires reliant l’Afrique à l’Espagne. Selon l’ONG, 11 286 personnes sont mortes ou bien ont disparu entre 2018 et 2022, soit six par jour en moyenne.
Ce sont des nombres qui donnent la mesure du drame qui se joue au quotidien sur la route migratoire qui mène de l’Afrique à l’Espagne. L’ONG Caminando fronteras a présenté, lundi 19 décembre, son dernier rapport sur les exilés morts et disparus sur cette route entre 2018 et 2022.
Depuis 2018, ce sont 11 286 migrants qui sont morts ou ont disparu en tentant de rejoindre l’Espagne par voie maritime ou terrestre, soit six par jour en moyenne, selon les chiffres de l’ONG. La majorité d’entre eux (7 692) sont morts sur la route extrêmement dangereuse entre les côtes nord-ouest de l’Afrique et l’archipel espagnol des Canaries. Parmi les victimes figurent 1 272 femmes et 377 enfants.
Le deuxième itinéraire le plus meurtrier relie l’Algérie et les côtes du sud-est de l’Espagne, où 1 526 décès ou disparitions ont été recensés en cinq ans.
Les corps de la majorité de ces personnes n’ont pas été retrouvés, selon l’ONG qui établit ses bilans en se basant notamment sur les témoignages des migrants ou de leurs familles.
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Enclaves espagnoles au Maroc
Au-delà des routes maritimes, ce rapport comptabilise 47 migrants morts en tentant d’entrer dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, situées sur la côte nord du Maroc et qui constituent les seules frontières terrestres de l’Union européenne en Afrique. Le 24 juin dernier, au moins 23 migrants, selon les autorités marocaines, ont perdu la vie en tentant d’entrer à Melilla.
Ce drame, qui a provoqué l’indignation internationale, représente le bilan humain le plus lourd jamais enregistré lors des tentatives d’intrusion de migrants dans ces deux enclaves.
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Sur l’année 2022, Caminando fronteras a comptabilisé 2 154 décès entre le 1er janvier et 30 novembre 2022. En 2021, ce nombre avait été bien plus élevé avec 4 639 décès recensés par l’ONG. Selon l’organisation, l’utilisation de bateaux pneumatiques instables, traditionnellement utilisés en Méditerranée, sur la route des Canaries, a été l’un des facteurs expliquant l’augmentation du nombre de morts cette année-là.
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Le nombre d’arrivées dans le pays a, lui aussi, baissé. Du 1er janvier au 15 décembre, près de 30 000 migrants sont arrivés clandestinement en Espagne, soit 23 % de moins qu’en 2021, selon les derniers chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur.
L’Espagne demeure néanmoins l’un des principaux points d’entrée de l’immigration clandestine en Europe et les routes pour y accéder depuis l’Afrique comptent parmi les plus dangereuses du monde. Le 28 octobre, les corps de 32 personnes originaires d’Afrique sub-saharienne se sont échoués sur une plage de Dakhla, au sud du Maroc, dans le Sahara occidental, selon le journal local Dakhla News. Début décembre, ce sont trois corps qui ont été retrouvés sur une plage de la région de Murcie, à la suite d’un naufrage.
Avec infomigrants