Tunis (dpa) – Au Bénin, Raynald Ballo a développé RMobility, une plateforme numérique de mobilité partagée qui propose des services de covoiturage, de comotorage, de cotaxi et de cobus. Avec cette solution qui met en relation des conducteurs et des passagers souhaitant effectuer un trajet commun, cet ingénieur en transports et en mobilité durable veut faire de RMobility le « BlaBlaCar africain », en référence à un des leaders mondiaux du covoiturage. Disponible sur App Store et Play Store, l’application compte, à ce jour, plus de 10 000 utilisateurs représentant différents pays de la sous-région.
La plateforme a également contribué à assurer près de 18 000 trajets partagés et à éviter l’émission de près de 500 tonnes de dioxyde de carbone (CO2), selon son concepteur. « Cette solution n’est pas une première en Afrique mais elle se démarque par son adaptation au contexte socio-économique en Afrique de l’Ouest et son caractère inclusif dans la mesure où elle intègre tous les moyens de transports », renseigne le jeune homme de 29 ans dans un entretien accordé à la dpa.
Regrouper les différents moyens de paiements
Selon lui, la plateforme permet de regrouper les différents moyens de paiements par carte bancaire et par « mobile money » utilisés dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest comme le Bénin, le Togo, le Sénégal, la Côte d’ivoire, le Burkina Faso et le Mali.
« Avec RMobility, nous nous engageons à offrir la possibilité à nos passagers de se déplacer en toute sécurité grâce à un système de GPS qui permet de tracer la course en un temps réel. Il est possible aussi d’appeler instantanément la police en cas de besoin », souligne le franco-béninois. À en croire Raynald, aux commandes d’une startup spécialisée dans la conception de solutions numériques de transport et de logistique connue sous le nom de Raynis, plusieurs facteurs l’ont prédestiné à lancer ce projet dont notamment l’entreprise familiale exerçant dans le même secteur.
Cette expérience lui a permis de se rendre compte des difficultés liées à la mobilité urbaine et interurbaine au Bénin comme la quasi-inexistence de transports publics structurants, la prolifération des moyens de transports clandestins ou informels échappant à tout contrôle. « Les grands embouteillages permanents observés sur les axes routiers principaux et la pollution par l’émission de gaz à effet de serre ont été également parmi les facteurs qui m’ont poussé à développer cette solution », indique Raynald qui prépare actuellement une thèse de doctorat sur le numérique et les mobilités partagées en Afrique de l’Ouest.
Difficulté d’accès au financement
Si le projet de Raynald connaît aujourd’hui un succès dans plusieurs pays africains, il n’en demeure pas moins que celui-ci se heurte à la difficulté d’accès au financement. « Différents organismes hésitent à nous accompagner en raison de la nouveauté et de l’absence d’un cadre réglementaire précis. Malgré nos multiples démarches, nous avons fonctionné jusqu’à présent sur fonds propres », témoigne le promoteur de Raynis qui emploie actuellement huit jeunes béninois.
Lauréat, récemment, du deuxième prix de l’édition 2022 de Moov Africa Startup Challenge, un concours lancé par la société ivoirienne de téléphonie mobile Moov Africa, Raynald souhaite aujourd’hui travailler aux côtés des pouvoirs publics afin d’assurer une mobilité sûre, économique et conviviale aux usagers de la route. Il projette également d’effectuer une levée de fonds afin de densifier l’acquisition, l’internationalisation et la fidélisation des utilisateurs de sa plateforme et de créer cinq fois plus d’emploi d’ici 2025.