Tunis (dpa) – L’accès à des services de transport urbain de qualité reste un casse-tête chinois dans la capitale ivoirienne qui compte 9,5 millions de déplacements motorisés par jour, selon les chiffres officiels. Pour remédier à cette situation, Jean Claude Gouéssé a lancé en 2020, Moja Ride, une solution digitale qui se veut la première plateforme de mobilité comme service (MaaS) de l’Afrique francophone. La MaaS offre aux utilisateurs la possibilité de planifier et de réserver leurs modes de transport sur une interface unique.
Grâce à Moja ride, disponible actuellement dans trois communes d’Abidjan, les passagers peuvent entrer en contact directement avec des chauffeurs de taxis ou de bus et payer leurs courses via une application mobile. Véritable alternative aux géants internationaux de la mobilité à la demande exerçant sur le marché local, la solution permet aussi aux Ivoiriens de se procurer leurs titres de transport en ligne pour se déplacer d’une ville à l’autre.
« Le transport est le cœur de toute ville moderne. À Abidjan, les dépenses en faveur du transport urbain sont plus élevées qu’aux Etats-Unis. Les modes de transport restent inaccessibles, médiocres et non prédictibles dans les villes africaines », déplore Jean Claude dans un entretien accordé à la dpa. Selon un rapport de la Banque mondiale intitulé « Que la route soit bonne : Améliorer la mobilité urbaine à Abidjan » et publié en 2019, un ménage abidjanais dépense en moyenne, directement en frais de transport et indirectement en temps perdu, plus de 30 pour cent de son budget pour les plus pauvres.
Simplifier les déplacements
Ayant été étudiant à l’Ecole Supérieure d’Administration des Entreprises (ESCAE) d’Abidjan, Jean Claude se heurte très vite aux difficultés liées au déplacements, dans la capitale, qui sont pour lui une « source de stress et d’appauvrissement majeur ». Arrivé aux Etats-Unis pour se reconvertir dans l’informatique, le quarantenaire constate qu’il est parfaitement possible de se passer d’un véhicule personnel car les moyens de transports dans les villes américaines sont « fiables », « accessibles » et « prédictibles ».
C’est à la suite de cette frustration personnelle qu’il décide de cofonder sa start-up qui emploie aujourd’hui une douzaine de personnes et dispose d’une flotte de véhicules neufs. « Nous renouvelons constamment notre flotte en retirant les vieux véhicules de la circulation pour les remplacer par des voitures neuves et moins polluantes. Nous contribuons ainsi à réduire les émissions de gaz à effet de serre », renseigne Jean Claude lauréat du prix spécial Mobility 54, la filiale capital-risque du groupe Toyota Tsusho.
Ce prix lui a été décerné, en 2021, lors du concours de plans d’affaires NINJA, organisé par l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA). D’après Jean Claude, sa startup traite en moyenne 250,000 voyages par mois sur six stations de transports. « Nos services ne sont qu’à leur début et vont bientôt interconnecter divers modes de transports afin de s’adapter aux préférences et au budget des utilisateurs », indique l’Ivoirien, assurant que son équipe travaille d’arrachepied afin de couvrir tout le pays au titre des douze moi à venir.
La prochaine étape sera d’atteindre les marchés de la sous-région de l’Afrique de l’Ouest dont certains font actuellement objet de prospection. La start-up est également en quête de partenaires évoluant dans le secteur des constructions automobiles afin d’introduire une nouvelle offre de transport basée sur les énergies renouvelables, laquelle sera proposée a des coûts abordables aussi bien pour les chauffeurs que les usagers.