Le réchauffement climatique dû à l’activité humaine s’accroît de plus en plus dans le monde avec des conséquences désastreuses. Cela malgré l’engagement des différentes nations à réduire de manière drastique les émissions de gaz à effet de serre.
Depuis plus de trente ans, les parties de la Convention Cadredes Nations Unies sur le Climat (CCNUCC), dont 197 pays sont membres, multiplient la signature des accords et conventions pour exprimer leur volonté d’inverser la courbe climatique. En 1992, ces États étaient réunis pour leur troisième sommet tenu à Rio de Janeiro au Brésil pour échanger sur la question. L’objectif de cette rencontre était d’amener les signataires à accroître leurs efforts dans la lutte contre le réchauffement de la planète. Une façon selon eux de permettre à l’humanité d’aujourd’hui et de demain de vivre dans un environnement approprié. Dans le document de 25 pages et 26 articles issu de ce sommet, il est stipulé que :
« L’objectif ultime de la présente Convention et de tous instruments juridiques connexes que la Conférence des Parties pourrait adopter est de stabiliser, conformément aux dispositions pertinentes de la Convention, les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique. Il conviendra d’atteindre ce niveau dans un délai suffisant pour que les écosystèmes puissent s’adapter naturellement aux changements climatiques, que la production alimentaire ne soit pas menacée et que le développement économique puisse se poursuivre d’une manière durable. », indiquent-ils dans l’article 2 de cette convention. (Lien de La convention sur le climat de 1992)
Ce passage de la convention met en exergue la gravité de la crise climatique qui guette le monde. Ce qui implique que les pays doivent poursuivre la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre de manière exponentielle. À ce moment-là, si on se réfère de l’analyse du scientifique américain Charles David Keeling, qui travaillait sur les mesures de dioxyde de carbone à l’observatoire de Mauna Loa, la teneur atmosphérique en CO2 était déjà de 370 ppm.
En regardant les données actuelles publiées dans le dernierrapport 2022, du Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Évolution du Climat (GIEC), notamment le résumé adressé aux décideurs, on constate que la température moyenne globale de la surface terrestre ne fait qu’augmenter depuis 1990, c’est-à-dire deux ans avant même la signature de la convention sur le climat. (Rapport du GIEC 2022 adressé aux décideurs) Cette étude du GIEC nous montre encore unefois qu’il y a une sorte d’accélération fulgurante dans l’augmentation de la température moyenne globale de surface.Fin 2020, cette augmentation avait atteint 1,2°C.
Depuis 1979, l’année à laquelle le GIEC a produit son premier rapport, cet organisme indépendant rassemblant des centaines de scientifiques tire la sonnette d’alarme. Mais ce signal d’alarme sur la menace réelle du fléau climatique ne semble pas avoir réveillé la conscience des décideurs politiques.
En décembre 2009, lors de la COP15 tenue à Copenhague, les chefs d’état ont paraphé un accord de trois pages dans lequel ils s’engageaient à contenir le réchauffement planétaire sous 2°C avant la fin du siècle. Mais dans son sixième rapport de 2021, adressé également aux décideurs, le GIEC dépeint unesituation gravissime liée au changement climatique et prédit que la limite des 2°C ne sera pas respectée si les émissions de gaz à effet de serre continuent au rythme actuel.
Quelles sont les raisons fondamentales de cette inertie ?
Trente ans après, la signature de la convention sur le climat, pourquoi le changement de paradigme tarde à s’opérer ? Les publications ou alertes des scientifiques comme le GIEC ou la NASA sur l’extrême dangerosité liée aux émissions de gaz à effet de serre, irritent souvent les différents dirigeants. Dans les discours, ils se montrent inquiets de l’accroissement des phénomènes écologiques extrêmes. Mais paradoxalement, leurs actes ne s’accordent pas avec leurs paroles.
Comment expliquer cette inertie ? Il est difficile de donner une réponse unique. Mais face à des enjeux économiquesplanétaires, on peut estimer que certains décideurs – qu’ils soient climato-septiques ou climato-cyniques – ont privilégié la croissance économique effrénée à travers l’exploitation des ressources naturelles à grande échelle, comme le gaz, le charbon, le pétrole, les forêts, etc…
La crise énergétique due à la guerre entre la Russie et l’Ukraine relance aujourd’hui en Europe le débat sur la réouverture de centrales utilisant des combustibles fossiles. En Allemagne par exemple, le gouvernement fédéral a annoncé leredémarrage de ses vingt-sept centrales à charbon pour produire de l’électricité jusqu’en mars 2024. Même scénario en France, où l’exécutif a déclaré l’ouverture prochaine de sa centrale à Saint-Avold, en Moselle, région du Grand-Est. La Bulgarie, l’Autriche, l’Italie et les Pays-Bas leur emboitent le pas. Même si cette initiative vise à combler un manqueénergétique conjoncturel et à satisfaire les besoins de sa population, mais elle serait un véritable désastre environnemental.
Dans les pays en voie de développement, en Afrique ou en Amérique latine, qui ne produisent que 12% du CO2 mondial, les populations sont plongées dans la pauvreté. Les effets du changement climatique s’abattent sur des régions déjà défavorisées et détériorent leurs sources de revenus.
Les climatosceptiques à la manœuvre !
La mise en œuvre des différents engagements climatiques exige une volonté manifeste des décideurs politiques à la tête des pays les plus industrialisés. Certains d’entre eux militent pour un équilibre mondial lié à un développement durable qui n’enfreint pas les normes écologiques. D’autres affichent une hostilité flagrante aux climatologues et défenseurs de l’environnement.
Chacune des factions pèse en fonction de son positionnement. Dans la concrétisation des engagements, conventions et accords sur le climat, le facteur sociopolitique semble dominerl’esprit des gouvernements de la plupart des pays développés, même si les principes climatiques édités par les Nations Unies, ne remettent pas en cause l’élan de développement de cesétats.
Les climatosceptiques s’emploient à distiller des messages de duperie soit pour des intérêts inavoués ou encore pourfavoriser un groupe de multinationales avides de se développer davantage en asphyxiant l’ordre climatique.
De puissants climatosceptiques ont même réussi à se hisser au sommet de certains pays et profitent de leur position pour endécoudre avec les pro-climat. En 2016, l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, réputé être un climatosceptique,avait brisé les espoirs naissants de stopper la cadence des émissions de gaz à effet de serre. Le milliardaire avait annoncé dans la foulée le retrait de son pays de l’Accord de Paris obtenu lors de la COP21 en 2015, alors que les États-Unis sont classés deuxième pays pollueur au niveau mondial derrière la Chine avec 14,5%, indique l’Agence Internationale de l’Énergie.
Donald Trump, lors de l’annonce du retrait des États-Unis de l’Accord de Paris
L’ex-président déclarait volontiers que le « réchauffement climatique est un mythe. » En conséquence, il avait nommé des climatosceptiques à la tête des institutions américaines chargées de réglementer les émissions de gaz à effet de serre.
Dans ce lot de dirigeants climatosceptiques figure égalementNicolas Sarkozy, ancien président français. Le virage amorcé en 2016 par l’ancien pensionnaire de l’Elysée, peut-être sous l’influence de certains académiciens mal informés, est un signe de l’aveuglement qui est susceptible de conduire la population mondiale vers un abîme périlleux.
Ce cliché montre un manifestant opposé à la politique destructrice de l’environnement de Jair Bolsonaro (Crédit photo : Libération). Cet homme dénonce surtout l’inertie dudésormais ancien dirigeant climatosceptique face au feu qui ravageait alors la forêt d’Amazonie, qui constitue l’un des poumons écologiques de la planète. Depuis l’accession au pouvoir en 2019 du dirigeant d’extrême droite, le Brésil ne fait que reculer dans la préservation des écosystèmes. Les premiers mois de sa gestion du pouvoir ont été marqués par des attaques verbales contre les défenseurs du climat et le démantèlement des organismes de contrôle de la déforestation. Son régime a également réduit considérablement le budget de l’institut brésilien de l’environnement, rappelle le quotidien El Pais Brasil.
Ce dessin du journal Reporterre résume presque tout
sur cette catégorie d’hommes politiques.
Ces climatosceptiques se focalisent sur des théories dont le but est de relativiser les effets néfastes du CO2 sur la température moyenne globale. Une façon de décrier le travail des scientifiques qui a favorisé l’installation d’un dilemme dans les esprits d’une frange de la population.
Ce ne sont pas qu’eux. Le monde de l’entreprise et la population des pays industrialisés ont aussi leur part de responsabilité dans cette situation climatique délétère. Commed’ailleurs indique l’ONG « Notre affaire à tous », cité par le journal la croix, 25 multinationales dont Total sont épingléesdans le classement de l’organisme pour des dérives climatiques.
Mamadou DIALLO, Journaliste
Étudiant en Master 2, Climat & Médias
Université de Versailles Saint–Quentin-en-Yvelines (France)