Deux passeurs indiens ont été condamnés à dix mois de prison par un tribunal de Bayonne, en France, jeudi. « Maillons d’une chaîne de traite », ils avaient transporté plus de 320 personnes en situation irrégulière du Portugal jusqu’en Belgique, entre septembre et décembre.
Nouvelles condamnations de passeurs à la frontière franco-espagnole. Deux Indiens de 31 et 24 ans ont été condamnés jeudi 26 janvier à Bayonne à dix mois de prison pour avoir transporté plus de 320 personnes en situation irrégulière du Portugal jusqu’en Belgique, entre septembre et décembre.
Les deux hommes avaient été interceptés lors d’un contrôle aléatoire de la gendarmerie le 28 décembre à 5h30 avec 13 clandestins à bord de leur fourgon, au péage de Biriatou (Pyrénées-Atlantiques), à la frontière espagnole,
Grâce au bornage téléphonique, la justice estime désormais à 47 le nombre de trajets réalisés, en passant par des cols montagneux moins contrôlés entre l’Espagne et la France, cette frontière étant particulièrement surveillée par les policiers français et espagnols. À raison de 300 euros le voyage pour chaque passager, le gain évalué s’élève à près de 100 000 euros.
« Ils ont tiré profit de la précarité d’autres compatriotes »
Le conducteur du fourgon a indiqué ne pas avoir perçu d’argent directement. « Les passagers payaient avant, à une autre personne, qui me donnait 500 euros ensuite pour faire l’aller-retour », a assuré cet Indien de 31 ans, gros consommateur d’héroïne, tout comme son coprévenu. « La personne au Portugal a profité de notre situation », a-t-il insisté.
« Il ne faut pas confondre ce que le conducteur a pu prendre comme argent avec ce qu’a pu prendre le commanditaire. Lui, il n’est pas dans la traite, il est un maillon de cette traite », a argué la défense.
Le prévenu de 24 ans, en possession de 1 700 euros au moment du contrôle, a expliqué pour sa part être un simple passager. Son avocate a plaidé la relaxe, « peut-être pas par conviction, mais au moins par doute ».
Pour le parquet, qui avait requis un an d’emprisonnement pour ces hommes, « ce ne sont pas eux qui ont organisé cette filière, mais ils ont tiré profit de la précarité d’autres compatriotes, ils ont prêté assistance à ce trafic d’êtres humains ».
En plus de leur peine de prison, les deux hommes ont été interdits de territoire français pendant cinq ans.
Zone de trafics
Récemment, d’autres passeurs ont été condamnés dans cette même zone. Le 9 décembre, au terme d’une enquête de 18 mois, 11 membres d’un réseau indo-pakistanais d’aide à l’immigration irrégulière, qui opérait principalement entre le Portugal et la France, ont été condamnés à des peines de prison allant de deux à cinq ans par le tribunal de Bordeaux.
Le 21 novembre, trois hommes, indiens encore, qui transportaient eux aussi des migrants depuis le Portugal, ont écopé de huit mois de prison ferme et de dix ans d’interdiction du territoire français.
La zone frontalière entre l’Espagne et la France est propice aux trafics. En septembre, c’est un réseau de passeurs cette fois-ci algériens qui avait été démantelé à cette frontière.
Les « convoyeurs » demandaient entre 300 et 700 euros par passager pour leur faire traverser la frontière en voiture, par groupe de deux à six, de Lerida dans le nord de l’Espagne jusqu’à Toulouse. Un trafic qui leur a rapporté plus de 200 000 euros sur une année. D’après un communiqué de la préfecture de Haute-Garonne et du ministère de la Justice, les migrants était des sans-papiers algériens cherchant à rejoindre des proches en France.
Avec infomigrants