Les corps de huit migrants morts, dont une femme enceinte, ont été retrouvés à bord d’une embarcation au large de Lampedusa jeudi 2 février. Deux autres passagers, dont un bébé de quatre mois, sont morts durant la traversée, selon des témoignages. Les garde-côtes italiens ont ramené 42 survivants à terre.
Les garde-côtes italiens ont récupéré, jeudi 2 février dans la soirée, « huit corps, cinq hommes et trois femmes, dont une était enceinte, au large de Lampedusa. Il y a 42 survivants, dont deux femmes enceintes », a annoncé vendredi à l’AFP Filippo Mannino, le maire de l’île.
Les survivants ont été menés à terre, complètement trempés. Ceux qui ont péri seraient morts de froid et de faim, selon des informations rapportées par la presse italienne, citant des traducteurs ayant interrogé les survivants. Les migrants ont également indiqué qu’ils étaient partis de Sfax, en Tunisie, aux premières heures du jour, samedi 28 janvier.
Selon l’agence Ansa, qui cite des survivants, deux autres personnes sont mortes durant la traversée mais leurs corps n’étaient pas dans le bateau. Il s’agit d’un bébé de quatre mois que la mère a déposé dans les flots et un homme qui aurait sauté pour récupérer le corps mais s’est noyé.
Selon les survivants, le bébé est mort à bord du bateau et sa mère, dans son chagrin, a déposé son corps dans l’eau. Un homme a ensuite sauté dans la mer pour le récupérer, mais il s’est noyé, d’après les témoignages.
La mère du bébé serait l’une des trois femmes décédées retrouvées sur l’embarcation.
« J’ai perdu le compte des morts »
L’île de Lampedusa est un rocher de 20 km² situé à une centaine de kilomètres à l’est des côtes tunisiennes, au cœur de la Méditerranée. Elle représente la première porte d’entrée en Europe pour les migrants arrivant d’Afrique du Nord.
« J’ai perdu le compte des morts. Je suis maire depuis six mois et j’ai déjà réceptionné au moins 40 morts. Ce n’est pas normal, presque chaque semaine nous récupérons des cadavres », a déploré Filippo Mannino. « La situation est en train de devenir vraiment dramatique. L’Europe doit faire quelque chose, le gouvernement doit faire quelque chose. »
Ce drame survient en pleine polémique après le tour de vis que le gouvernement de droite à Rome a donné aux activités des ONG œuvrant en mer. Pour tenter de freiner au moins les arrivées, le gouvernement a adopté début janvier une nouvelle loi, restrictive, sur les activités des ONG qui sauvent les immigrés en mer, même si le nombre de personnes secourues par ces dernières ne représentent qu’environ 10% du total.
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Les navires de ces ONG doivent désormais informer les autorités italiennes dès qu’elles ont porté secours à une embarcation et ces dernières décident alors du port où rescapés et secouristes doivent accoster. C’est assez souvent un port lointain du lieu de l’opération de secours. De cette manière les ONG ne peuvent pas aider plusieurs embarcations en plusieurs opérations et perdent beaucoup de temps à se rendre dans les ports assignés et revenir en haute mer.
En 2022, environ 105 000 migrants sont arrivés en Italie et près de 5 000 depuis le début de l’année, un chiffre en forte hausse par rapport à la même période des deux années précédentes, indique le site du ministère de l’Intérieur.
Selon des chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) de l’ONU, 1 377 sont mortes ou portées disparues sur cette route migratoire en 2022, et 63 autres depuis le début de l’année. Le sujet de l’immigration et de la gestion des flux de migrants sera à l’ordre du jour du prochain sommet extraordinaire de l’Union européenne prévu les 9 et 10 février.
Avec infomigrants