Les Forces spéciales françaises ont été chassées du Burkina et on constate, comme au Mali quand elles furent priées de dégager, au même moment et par coïncidence une forte recrudescence des attaques terroristes.
L’ex puissance coloniale cherche-t-elle à mater l’outrecuidance du Burkina et en faire un exemple pour les autres pays de la sous-region qui voudraient tenter de suivre cet exemple ? Et par la même occasion reconquérir ses espaces perdus dans cette partie du Sahel ? Rien n’est plus évident, serait-on en tout cas fondé de croire. Plusieurs facteurs simultanés confortent cette idée.
Premièrement, le Président en exercice de la CEDEAO, le sieur Umaru Sissoko Embalo, est reçu par Emmanuel Macron à l’Elysée pour une concertation d’au moins deux heures et au sortir de cet entretien l’organisme sous-régional se fend d’un communiqué condamnant « fermement le meurtre obscène de civils non armés dans son espace ». Et d’ajouter que « bien que le lieu spécifique n’ait pas encore été confirmé, on estime que l’incident a eu lieu dans l’espace CEDEAO ».
Pour le moment cette condamnation n’a pas encore donné le nom d’un pays. Mais ça viendra. Ce communiqué apparaît ainsi comme le début de l’application des instructions que le sieur Embalo venait de recevoir. Le but, in fine, est de créer au Burkina une guerre etnique dont les conséquences, on le sait, pourraient être dramatiques. L’objectif final est de partitionner ce pays et y installer un autre « Azawad » comme déjà fait au Mali. Il est très aisé et facile de lire en ces gens comme dans un livre ouvert.
Deuxièmement, au même moment que les attaques terroristes se font de plus en plus violentes contre les Forces de défense et de sécurité burkinabè, le commandant des Forces spéciales françaises, le Général Baratz, est reçu hier vendredi en audience par le ministre de la Défense du Niger (pays où ont été redeployés les militaires chassés), Alkassoum Indattou. Ce commandant des Forces spéciales françaises était en compagnie à cette audience par l’ambassadeur de France au Niger, le fameux Sylvain Itté, celui-là même qui révendique le fleuve niger comme propriété de l’Union européenne. L’audience s’est egalement déroulée en présence du chef d’état-major des armées nigériennes, le général Salifou Mody, comme son nom l’indique.
Si officiellement cette audience a évoqué des questions de coopération militaire, cette simultanéité des rencontres et des frappes terroristes laisse entrevoir la mise en place d’un véritable état-major de guerre dans la zone sahélienne. Contre qui ? Pas contre les terroristes en tout et le Burkina ainsi que le Mali, deux pays rebelles, pourraient bien en faire les frais.
A l’allure où vont les choses, le Burkina et le Mali auraient intérêt à porter cette affaire et les soupçons évidents devant les Nations Unies où d’y faire une dénonciation. Il ne faudrait pas s’attendre à grand chose de cette autre organisation mais cela aura pour avantage de freiner le dessein machiavélique des forces hostiles qui veulent créer une guerre etnique et partionner toute la zone.
Pour le plus grand bien des populations civiles, principales victimes de cette course effrénée à l’accaparement des immenses richesses de la zone sahélo-saharienne.
Par Abdoulaye Sankara