Des centaines de ressortissants d’Afrique subsaharienne ont été rapatriés de Tunisie samedi 4 mars, chassés par une vague de violences provoqués par des propos xénophobes du président Kaïs Saïed. Parmi eux, des dizaines ont rejoint la Côte d’Ivoire.
Avec notre correspondante à Abidjan, Bineta Diagne
Les 145 ressortissants ivoiriens, dont 45 femmes et plusieurs jeunes enfants, avaient embarqué samedi 4 mars à Tunis à bord d’un vol d’Air Côte d’Ivoire. L’avion a atterri à Abidjan vers 18h10. À sa descente, les rapatriés ont été accueillis par le Premier ministre, la ministre des Affaires étrangères et plusieurs membres du gouvernement. Il y avait là des familles avec leurs enfants. Les traits tirés après ces longues heures de vol, certains avaient à peine un sac ou une petite valise. Aucune embrassade. Aucune famille n’avait fait le déplacement.
Ces rapatriés devaient d’abord passer par plusieurs étapes administratives : être identifiés par des policiers, interrogés par la Direction de la surveillance du territoire (DST), puis répertoriés par les services d’état civil, pour enfin atterrir entre les mains des équipes médicales.
Une fois toutes ces vérifications validées, direction le centre de transit aménagé à l’Institut de la jeunesse et des sports de Marcory. Là-bas, ils bénéficieront pendant deux à trois jours d’une prise en charge médicale et psychologique. Ils recevront ensuite chacun un pécule de 160 000 francs CFA (environ 244 euros) qui devraient leur permettre de regagner leur famille dans les prochains jours. Ils devraient également passer pour certains des entretiens afin de pouvoir envisager de se réinsérer dans la société.
Un convoyage à l’intérieur de la Tunisie
L’Union des Ivoiriens de Tunisie salue toutes ces mesures d’accompagnement. Mais son président Ange Séri Soka attire l’attention sur l’ampleur des besoins en Tunisie : « Nous sommes presque 5 000 Ivoiriens sur le territoire tunisien et nous avons présentement des compatriotes qui dorment dans des champs d’olive et qui n’ont pas d’abri parce qu’ils ont été chassés des maisons. Nous demandons à l’État [ivoiren, NDLR] de discuter avec l’État tunisien pour que ces personnes-là puissent venir facilement à l’ambassade pour se faire enrôler. »
Des personnes, qui ont bien du mal à se déplacer et donc à s’enrôler à cause des tracasseries subies au quotidien. Les autorités ivoiriennes entendent lever cette difficulté.
« L’État a mis en place tous les moyens financiers nécessaires pour que quand ils sortent des villes de la Tunisie, ils soient accueillis à l’ambassade et qu’ils soient connus dans des camps où ils sont remis en sécurité et pris en charge également par l’État, explique le Dr Karamoko Gaoussou, le directeur général de la Diaspora. En plus, on est en train de mettre en place un dispositif de convoyage qui va consister à aller les chercher à l’intérieur du pays pour les emmener vers la capitale parce qu’on sait que c’est parfois difficile pour certains de regagner la capitale, car il y a des tracasseries. »
Pour le moment, cinq rotations sont prévues. À Tunis, les autorités ivoiriennes continuent de recenser les personnes souhaitant rentrer dans leur pays.
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Avec infomigrants