Un homme originaire d’Afrique subsaharienne a été poignardé à mort et cinq ont autres ont été blessés dans la nuit du 20 au 21 mai à Sfax, dans le centre-est de la Tunisie. Sept Tunisiens, munis de couteaux et de sabres, ont attaqué la maison de la victime qui habitait avec une dizaine d’autres personnes.
Une violente attaque a été menée à Sfax, dans le centre-est de la Tunisie, dans la nuit du 20 au 21 mai. Plusieurs Tunisiens, munis de couteaux et de sabres, s’en sont pris à une habitation occupée par 19 migrants dans le quartier populaire de El Haffara, a indiqué, lundi 29 mai, à l’AFP le procureur général et porte-parole du tribunal de Sfax, Faouzi Masmoudi.
Un Béninois de 30 ans a été poignardé à mort et cinq autres personnes originaires d’Afrique subsaharienne ont été hospitalisées. « Elles ne sont pas grièvement blessées », a précisé la même source.
Une enquête judiciaire a été ouverte et a déjà permis l’arrestation de trois Tunisiens, âgés de 17, 23 et 36 ans.
Des vidéos montrent sept hommes attaquant des migrants, a ajouté Faouzi Masmoudi, indiquant que l’enquête se poursuivait, notamment pour connaître les motivations des agresseurs.
« Un contexte d’incitation à la haine et au racisme »
Plusieurs organisations de défense des droits ont dénoncé ce crime. Ce drame « intervient dans un contexte de discours ininterrompus d’incitation à la haine et au racisme contre les migrants d’Afrique subsaharienne », peut-on lire dans un communiqué diffusé par le FTDES (Forum tunisien des droits économiques et sociaux) et signé par une vingtaine d’ONG.
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« Les discours de haine et d’intimidation contre les migrants [d’Afrique subsaharienne] diffusés sur les réseaux sociaux contribuent à la mobilisation contre les groupes les plus vulnérables et alimentent des comportements violents à leur encontre », ont-elles dénoncé.
Ces organisations, dont la Ligue tunisienne des droits de l’Homme et l’Organisation mondiale contre la torture, ont fustigé « un climat d’impunité et de normalisation de la violence » depuis le discours xénophobe du président tunisien Kais Saied, le 21 février dernier. Le chef de l’État avait affirmé que la présence de « hordes » d’immigrés clandestins venant d’Afrique subsaharienne était source de « violence et de crimes ».
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Depuis cette diatribe, les exilés sont confrontés à une vague d’agressions. Une partie importante des 21 000 ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne recensés officiellement, pour la plupart en situation irrégulière, ont perdu du jour au lendemain leur travail et leur logement.
Pour fuir cette violence, les exilés sont de plus en plus nombreux à prendre la mer. Les départs de migrants africains de Tunisie se sont intensifiés, au même titre que les arrivées en Italie.
L’agence européenne de surveillance des frontières, Frontex, a enregistré une hausse de 1 100% des traversées au départ de la Tunisie, par rapport à l’an dernier à la même période.
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