Plusieurs passagers d’un avion de la Royal Air Maroc se sont opposés, samedi, à l’expulsion d’un migrant, originaire de Guinée, vers le Maroc. Après plusieurs minutes de négociations, l’homme a été sorti de l’avion par son escorte policière.
Samedi 3 juin peu avant 13h, un avion de la compagnie Royal Air Maroc (RAM) s’apprête à décoller depuis les Canaries, destination Casablanca. Au dernier rang de l’avion se trouve un homme d’Afrique subsaharienne assis par terre, les jambes attachées par une ceinture de sécurité. « Qu’ai-je fait ? Ouvrez la porte, je veux descendre », dit-il désespérément.
L’homme est un migrant originaire de Guinée-Conakry, il doit être renvoyé au Maroc, dernier pays dans lequel il est passé pour rejoindre l’archipel espagnol.
Selon le média en ligne espagnol El Diario, trois passagers, secondés plus tard par d’autres, interviennent pour empêcher son expulsion. Ils demandent au Guinéen s’il a déposé une demande d’asile en Espagne, ce à quoi il répond non.
Les personnes, dont une fonctionnaire de l’Union européenne, tentent alors de négocier avec les deux agents de police qui escortent le migrant, leur affirmant que ses droits ont été bafoués et que l’expulsion est illégale.
La compagnie refuse de suspendre le vol
La tension monte d’un cran dans l’appareil. Le personnel de la compagnie aérienne marocaine essaye d’entraver l’intervention des passagers et les enjoint à s’asseoir pour permettre à l’avion de décoller.
Finalement, les policiers, sur ordre de leur supérieur, demandent que le vol soit interrompu pour sortir le Guinéen de l’avion. Dans un premier temps, la RAM refuse et poursuit ses manœuvres pour le décollage. Après un appel du centre de coordination d’urgence et de sécurité, l’avion fait finalement demi-tour et retourne sur l’aire de stationnement.
Le migrant est extrait de l’appareil. Le passager le plus actif pour le défendre a lui aussi été débarqué de l’avion. Il n’a pas pu reprendre le vol.
D’après Helena Maleno, de l’association Caminando Fronteras, ce genre d’expulsion est illégale. L’homme n’étant pas de nationalité marocaine, il ne peut pas être renvoyé au royaume chérifien, affirme-t-elle.
En septembre 2022, deux ONG avaient fait part de leur indignation après le renvoi au Maroc d’un ressortissant ivoirien. Le jeune homme de 23 ans avait été expulsé des Canaries avant même d’avoir pu s’entretenir avec un avocat.