Ce parking du 17e arrondissement, dans lequel dormaient une centaine de personnes depuis novembre ferme ses portes samedi. Face à la saturation du dispositif d’hébergement d’urgence, les familles de migrants qui y avaient trouvé refuge risquent de se retrouver à la rue.
C’est une page qui se tourne pour le parking des Acacias, dans le 17e arrondissement de Paris. Le lieu, qui hébergeait environ 90 migrants, uniquement des femmes seules, des couples et des familles, va fermer ses portes samedi 17 juin.
L’association Utopia 56, gestionnaire du lieu, l’a annoncé dans un communiqué de presse : « Aucune solution de remplacement n’a été trouvée pour poursuivre le projet et à partir du 18 juin, la majorité des familles, environ 120 personnes par soir, que nous rencontrerons resteront sans solution pour la nuit ».
Ouvert en novembre 2022, le parking situé à quelques pas de l’Arc de Triomphe, a offert un toit à 2 155 personnes, selon Utopia 56, notamment pendant l’hiver. Les exilés qui y ont trouvé refuge venaient principalement d’Afrique de l’Ouest, du Maghreb mais aussi du Moyen-Orient et d’Amérique du Sud.
Équipé de tentes et de matelas, d’une petite cuisine, de l’électricité, de sanitaires et d’un espace pour enfants, le lieu restait fermé la journée et accueillait chaque soir les migrants. « Globalement, ça a été une bonne surprise. Les familles se sont emparées du lieu et s’y sentaient vraiment bien. Il y avait beaucoup de solidarité. Les familles ont créé du lien entre elles », rapporte Augustin Lambilliotte, responsable du lieu pour Utopia 56.
Dispositif d’hébergement d’urgence saturé à Paris
Le parking était prêté par son propriétaire, mais ce dernier avait prévu de récupérer son bien en juin pour y faire des travaux. « Le lieu restait vide, le temps que le propriétaire demande les permis de travaux. Nous sommes donc intervenus sur ce temps où le lieu était inexploité », détaille le responsable associatif.
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Désormais, Utopia 56 s’inquiète de voir repartir une centaine de personnes à la rue, dont des femmes seules, des couples et des familles avec des enfants en bas âge. « Ce sont des gens qui n’ont nulle part où aller. On n’a même plus de stock suffisant pour fournir des tentes à tout le monde », constate Augustin Lambilliotte.
Difficile pour ces familles d’imaginer pouvoir compter sur le dispositif d’hébergement d’urgence totalement saturé à Paris. Avec l’approche de la Coupe du monde de rugby, en septembre 2023, et des JO 2024 à Paris, certains hôteliers se sont retirés du dispositif d’hébergement d’urgence du 115, aggravant la pénurie de chambres.
Pour la seule année 2022, le Samu social a perdu 5 200 nuitées sur 55 000 disponibles. Utopia 56 en appelle à la solidarité de l’État pour éviter que les migrants des Acacias ne retournent à la rue.