En visite dimanche 18 et lundi 19 juin en Tunisie, le ministre de l’Intérieur français a annoncé que Paris versera une aide de 29 millions d’euros à la Tunisie pour l’aider à lutter contre l’immigration illégale. Cette aide s’ajoute à celle de l’Union européenne, d’au moins 100 millions d’euros, annoncée la semaine dernière.
Le ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, a annoncé lundi 19 juin une aide de près de 26 millions d’euros à la Tunisie pour lutter contre l’immigration clandestine. Cette « aide bilatérale dédiée aux questions migratoires » va permettre à Tunis de lutter contre les tentatives de traversées illégales via l’achat d’équipements, des formations de policiers et garde-frontières tunisiens.
Cette aide vient s’ajouter à une enveloppe d’au moins 100 millions d’euros annoncée il y a une semaine par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
« Garde-frontière » de l’Europe
Ces 26 millions supplémentaires devront servir « à contenir le flux irrégulier de migrants et à favoriser leur retour dans de bonnes conditions », a précisé Gérald Darmanin, lors d’un point presse à Tunis. « La Tunisie est la première victime de cette immigration irrégulière et nous voulons l’assurer de toute notre solidarité ».
Cet argent – français et européen – devrait également éviter l’effondrement économique de la Tunisie qui aurait des répercussions sur les flux migratoires vers les côtes nord de la Méditerranée. La Tunisie est étranglée financièrement par une dette d’environ 80 % de son PIB et ne peut plus emprunter à l’étranger, ce qui entraîne des pénuries récurrentes de certains produits de base, comme la farine, le sucre et le riz.
« Ce n’est pas la vocation de la Tunisie d’être le garde-frontière de l’Europe », a également prévenu Gérald Darmanin en référence à une déclaration du président tunisien qui a dit de pas souhaiter surveiller les frontières de l’Europe. Pour le ministre français, c’est aux pays d’Afrique subsaharienne qu’il revient « de faire en sorte qu’il y ait un minimum de départs ».
De nombreux drames en Méditerranée
De nombreux ressortissants d’Afrique subsaharienne arrivent en Tunisie pour tenter d’immigrer clandestinement par la mer vers l’Europe, certaines portions du littoral tunisien se trouvant à moins de 150 km de l’île italienne de Lampedusa. Si la majorité des candidats à l’émigration proviennent d’Afrique subsaharienne, la difficile situation économique tunisienne pousse de plus de plus de Tunisiens à partir.
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Mais de nombreux drames surviennent. En mars, 39 corps, dont ceux de quatre enfants, ont été repêchés au large de la Tunisie. Un peu plus tôt, en février, les dépouilles de 12 migrants, dont un bébé, ont été retrouvées à bord d’une embarcation. Un article de Mediapart avait publié aussi la photo du corps d’une enfant retrouvée sur une île de Kerkennah, en décembre dernier, dans la même position que le petit Alan Kurdi en 2015.
« La Tunisie n’est pas un pays de réinstallation »
Le président tunisien, Kaïs Saïed, qui avait suscité un tollé en mars en présentant les migrants subsahariens comme une menace démographique pour son pays, a également prévenu que son pays « ne sera le gardien » que de ses propres frontières.
« Nous n’accepterons pas non plus que la Tunisie devienne un pays de réinstallation », a-t-il ajouté.
Le chef de l’État a appelé à « briser le cercle vicieux » de l’immigration clandestine avec une nouvelle approche, notamment en remédiant « aux causes » de ce phénomène. « L’approche sécuritaire est certes nécessaire mais elle n’a fait qu’aggraver la situation », a-t-il déclaré. « Avec une volonté commune, une manière de voir nouvelle, je suis certain qu’on trouvera des solutions adéquates ».
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 2 406 migrants sont morts ou ont disparu en Méditerranée en 2022 (+16,7% sur un an) et 1 289 depuis le début de 2023.
Avec infomigrants