Le magazine Foreign policy (FP) a consacré un long reportage sur le conflit « potentiellement tentaculaire » du Sahara occidental, où l’ex-président américain, Donald Trump, a lâché une « bombe diplomatique » en décidant de reconnaître la prétendue « souveraineté » du Maroc sur ce territoire non-autonome.
Selon les co-signataires de l’article publié samedi, Andrea Prada Bianchi et Pesha Magid, la décision de Trump en 2020 continue de « peser aujourd’hui sur l’administration de l’actuel président des Etats-Unis, Joe Biden ».
Si les Etats-Unis continuent de soutenir Rabat dans nombre de domaines, « l’administration Biden est dans une position embarrassante du point de vue diplomatique », font remarquer les auteurs de l’article.
Ces derniers rappellent que lorsque Trump avait annoncé sa décision sur le Sahara occidental, il avait également promis d’ouvrir un consulat américain à Dakhla, ville sahraouie occupée. Or, cette annonce « reviendrait à aller ouvertement à l’encontre de la politique de l’ONU », ont-ils souligné.
Les journalistes constatent à ce titre que jusqu’à présent, « la solution a été l’inactivité : le consulat à Dakhla est toujours un bâtiment vide, et la représentation américaine la plus active au Sahara occidental est un McDonald’s dans la ville principale de Laâyoune » occupée.
Le département d’Etat américain avait déclaré qu' »il n’avait rien de nouveau à annoncer concernant le projet de consulat à Dakhla, rappelle-t-on encore à ce propos.
Du côté sahraoui, le président de la République et secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, rencontré par FP, a déclaré que la reconnaissance par Trump de la prétendue « souveraineté » marocaine et les ventes d’armes de Biden à Rabat « ne servent pas la paix mais conduisent à plus de tension, car elles encouragent l’Etat occupant à persister dans son opposition à toute solution pacifique et juste. Nous appelons de toute urgence les Etats-Unis à rectifier leur politique envers le Sahara occidental ».
Lorsqu’on lui a demandé à propos de la guerre actuelle entre le Maroc et le Front Polisario, Brahim Ghali s’est montré optimiste. « La victoire est une question de temps. Chaque génération porte et fait grandir la cause en elle », a-t-il déclaré, selon le même magazine.
Le président sahraoui a expliqué que « l’expérience passée au front en tant que combattant lui avait donné confiance dans la lutte actuelle ».
La lutte du Front Polisario contre le Maroc « n’a techniquement jamais pris fin », selon FP. En 1991, après 15 ans de guerre, l’unique représentant légitime du peuple sahraoui et le Maroc ont signé, sous les auspices de l’ONU, un accord de cessez-le-feu qui devait conduire à l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental, dernière colonie en Afrique.
Alors que les Sahraouis attendent toujours ce référendum, le Maroc pille leurs ressources.
Le Maroc tire une grande partie du phosphate de la région occupée et a signé des accords avec des sociétés étrangères pour rechercher du gaz naturel au large des côtes du Sahara occidental.
« Voir le Maroc profiter de ces terres, alors que les promesses de l’ONU se fanent », se sont indignés de nombreux Sahraouis, cités par FP.
« Maintenant, vous pouvez vous demander pourquoi la décolonisation du Sahara occidental reste inachevée », a déclaré Sidi Mohamed Omar, représentant du Front Polisario auprès des Nations unies et coordinateur avec la Mission onusienne pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO), lors d’une récente session du Comité de décolonisation de l’ONU.
« C’est l’indéfendable inaction de la communauté internationale qui a encouragé l’Etat occupant du Maroc à continuer, en toute impunité, à occuper par la force des parties du Sahara occidental. C’est aussi simple que ça », s’est-il emporté.(SPS)