Vous vous trouvez actuellement en Guyane française et vous souhaitez y demander l’asile. Attention, les procédures diffèrent de la France métropolitaine et des autres territoires ultramarins. InfoMigrants fait le point.
Face à l’augmentation des demandes d’asile en Guyane française, le gouvernement a décidé en 2018 de changer les règles : réduire les délais de la procédure afin d’en accélérer le traitement des dossiers. Cette expérimentation a été pérennisée en 2020. Par ailleurs, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) a ouvert une antenne à Cayenne fin 2016. InfoMigrants vous explique la marche à suivre.
Prendre rendez-vous au guichet unique à Cayenne
En premier lieu, il faut se rendre au pré-accueil, la plateforme d’accueil des demandeurs d’asile (PADA), à Saint-Laurent du Maroni ou à Cayenne.
Si vous vous trouvez dans les villes de Saint Laurent du Maroni, Mana, Awala Yalimapo, Apatou, Grand Santi, Papaïchton, Maripasoula et Iracoubo, vous devez vous rendre à la sous-préfecture de Saint Laurent du Maroni, le lundi, mardi et jeudi entre 14h et 16h.
Si vous résidez dans une autre commune, vous devez vous rendre à la Croix-Rouge française, à Cayenne, entre 7h45 et 10h30 du lundi au vendredi. À la PADA de la Croix-Rouge, vous pouvez bénéficier d’une information sur vos droits, votre protection et sur l’ouverture d’un compte en banque. Vous pouvez également être assisté pour remplir votre formulaire de demande d’asile.
À l’issue de cette première démarche, vous recevrez une convocation à la préfecture de Cayenne afin de vous enregistrer au guichet unique des demandeurs d’asile (GUDA). Vous obtiendrez un formulaire de demande d’asile ainsi qu’une autorisation provisoire de séjour (APS) en tant que demandeur d’asile. Vous aurez également la possibilité d’y faire une demande d’hébergement.
La demande d’asile
Vous avez sept jours après ce rendez-vous pour remettre le formulaire de demande d’asile à l’antenne de l’Ofpra à Cayenne – contre 21 jours en métropole.
Après avoir déposé votre formulaire, votre demande d’asile sera officiellement introduite. Vous recevrez donc une lettre d’introduction, qui certifie que votre dossier est en cours d’instruction, ainsi qu’une convocation pour l’entretien de demande d’asile et une autre pour la remise de la décision en main propre.
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Selon la loi, l’Ofpra a 21 jours pour statuer sur votre demande, à compter de son introduction au GUDA.
Si votre demande d’asile est rejetée, vous disposez d’un délai d’un mois pour envoyer un recours à la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Pour faire appel, vous avez droit à l’assistance gratuite d’un avocat, l’aide juridictionnelle, et vous avez 15 jours pour en faire la demande, par courrier ou télécopie.
Les délais pour la procédure devant la CNDA sont variables, « c’est généralement entre trois et 18 mois », selon Lucie Curet, déléguée de la Cimade pour les Amériques.
Quels sont les droits des demandeurs d’asile ?
Le statut de demandeur d’asile vous autorise à séjourner sur le territoire français le temps de la procédure. Après votre passage au GUDA, vous devez disposer d’une APS d’une durée de six mois, renouvelable.
En tant que demandeur d’asile, vous avez droit à l’allocation pour demandeur d’asile (ADA) qui est de 3,80 euros par jour en Guyane (contre 6,80 en métropole), 8,20 euros si vous ne disposez d’aucun solution d’hébergement (contre 14,20 euros en métropole).
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Tant que votre demande d’asile est en cours d’examen, vous ne pouvez pas quitter le territoire guyanais. Si vous obtenez le statut de réfugié, une fois vos documents d’état-civil établis, vous pourrez circuler librement et vous rendre en métropole si vous le souhaitez.
Attention, l’édition de vos documents d’état-civil peut prendre plusieurs mois, parfois jusqu’à dix-huit mois. Or, si vous souhaitez vous installer en métropole, ces documents sont nécessaires pour demander le transfert de votre dossier de la préfecture de Cayenne vers une préfecture métropolitaine.
Un dispositif d’accueil insuffisant
Il n’existe à ce jour aucun Centre d’hébergement pour demandeurs d’asile (CADA) en Guyane mais plusieurs dispositifs d’hébergement d’urgence (HUDA). « Le nombre de places a sensiblement augmenté ces dernières années », reconnaît Lucie Curet, « mais tout cela est très flou : les types d’hébergement sont très variables, ce sont parfois des hôtels, et l’accompagnement social n’est pas toujours garanti », déplore-t-elle. Il existe 1 000 places d’hébergement d’urgence sur le territoire guyanais aujourd’hui, contre 600 en octobre 2020.
La responsable associative cite l’exemple d’un nouveau centre d’accueil situé à Sinnamary, à 1h30 de route de Cayenne, dans un lieu « extrêmement isolé ». Les 200 personnes hébergées, originaires de Syrie et d’Afghanistan, seraient privées d’accompagnement social.
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Les autres structures existantes sont saturées. Le centre de premier accueil « La Verdure » à Cayenne, qui était prévu initialement pour accueillir 16 personnes, aurait hébergé jusqu’à 150 demandeurs d’asile, selon Outre-Mer la 1ère.
« Une petite majorité de demandeurs d’asile n’ont pas d’hébergement » souligne Lucie Curet. Certains, comme les Haïtiens, peuvent bénéficier du soutien de réseaux communautaires. Les autres, notamment ceux originaires du Moyen-Orient, sont contraints de s’installer dans les camps informels qui se sont créés en centre-ville et en périphérie de Cayenne.
Les demandeurs d’asile du Moyen-Orient de plus en plus nombreux
D’après les chiffres communiqués par la Cimade, environ 3 200 demandes d’asile ont été déposées en 2022. La majorité émanent toujours de ressortissants haïtiens. « Un haïtien sur trois » obtient une protection à l’Ofpra. « Un chiffre qui devrait au moins se maintenir » d’après Lucie Curet, eu égard à l’intensité des violences qui frappent la société haïtienne.
Les demandeurs issus du Moyen-Orient, essentiellement de Syrie, de Palestine et d’Afghanistan, sont de plus en plus nombreux ces dernières années. Ils rejoignent le Brésil, puis la Guyane dans l’espoir d’y obtenir l’asile et de rallier la métropole. En 2022, les Syriens et Palestiniens représentaient 30,2% des demandes (942 personnes).
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Récemment, ce sont des personnes originaires du Sahara occidental, territoire disputé dont la souveraineté est revendiquée par le Maroc, qui ont rejoint la Guyane pour y solliciter l’asile. D’après France-Guyane, 87 Afghans, 239 Syriens et 324 Sahraouis sont arrivés en Guyane depuis le début de l’année.