La conduite des états de nos jours, dans un monde profondément interconnecté à l’heure de la révolution numérique, requiert une communication régulière, un dialogue interactif permanent entre les gouvernants et les gouvernés. Celle ci est particulièrement vraie pour la Guinée où le Pouvoir, depuis le Président Ahmed Sékou Touré et jusqu’à récemment sous l’ère du Président Alpha Condé, a fait de la communication un des instruments privilégiés de sa Gouvernance.
Celle-ci s’exprimait de manière systématique et constante sous des formes variées mais complémentaires à l’adresse du peuple et du reste du monde.
Globalement, Il s’agissait pour le Pouvoir en place d’informer et d’éduquer les populations.
Les différentes communications faites à cette fin visaient aussi, somme toute, à donner des indications claires et précises sur la trajectoire politique générale suivie ou à suivre, mettre en exergue les objectifs socio-économiques, les perspectives de développement, de rendre explicite les améliorations attendues de la mise en œuvre des politiques publiques et leur impact sur la de vie de la population.
Au fil des régimes, le système de communication sociopolitique est ainsi devenue pour les populations une nécessité, une denrée, un des baromètres de la bonne gouvernance.
En tant que telle, elle a vocation à faire face aux rumeurs et aux fausses informations souvent pernicieuses diffusées à dessein pour susciter des réprobations populaires déstabilisantes.
Il faut, face à des manœuvres insidieuses des adversaires et de certains médias, donner une plus grande visibilité à l’action gouvernementale à travers une politique de communication stratégique.
Une politique de communication stratégique favorise la bonne sinon la vraie information politique, crée un environnement national apaisé
et contribue régulièrement à la construction et au maintien de la paix sociale indispensables à la conduite sereine de l’action gouvernementale.
Elle mettra également un frein aux impatiences légitimes des populations.
Aujourd’hui quelle est la réalité, la pertinence de la communication sociopolitique du CNRD ?
Au regard de ce qui prévalait hier en la matière avec des moyens très réduits, on peut affirmer sans risque d’être démenti que la situation en Guinée sur ce plan est largement en deçà par rapport à la marge de manœuvre ou des possibilités que le progrès des nouvelles technologies de l’information offrent aujourd’hui.
Elle l’est également en terme de densité de l’information, du champ couvert par celle-ci, étant donné qu’elle portait systématiquement sur tous les aspects de la vie de la nation (politique, économique, sociale culturelle) et ce à travers des discours officiels du Chef de l’état du moment, à différentes occasions, servant de boussole et d’orientation, explicités par de multiples interventions des autorités politiques et administratives a tous les niveaux de Commandement.
Aujourd’hui la voix gouvernementale, si elle n’est pas muette, elle est devenue presque aphone et est perdue dans les meandres du silence étouffée qu’elle est par les rumeurs qu, désormais, modèlent et façonnent l’opinion d’une population sevrée et en manque cruelle d’informations politiques officielles fiables sur tous les aspects de la vie de la Nation. Au point que le citoyen est réduit à scruter l’horizon obscurci et d’interroger le ciel et les Dieux sur son avenir, sur le sort que le destin lui réserve.
Ce contexte informationnel opaque, où aucune visibilité ne se dégage sur les perspectives des politiques développement ainsi que sur les indications gouvernementales et surtout sur les échéances politiques majeures telles que mentionnées dans la charte de la transition en cours, est un terreau privilégié des crises sociopolitiques imprévisibles.
Les informations sporadiques et partielles, somme toute insuffisantes, peinent à étancher la soif d’une population habituée à être abreuvée voire noyée par des tornades d’informations à travers des fréquents meetings politiques, des pluies de discours parfois démagogiques et des interventions partisanes qui rythmaient et occupaient notre quotidien d’alors.
Le Guinéen ainsi frustré ou plutôt sevré se retrouve d’autant moins aujourd’hui que même les informations qui émanaient des assemblées hebdomadaires des formations politiques se sont elles aussi raréfiées, comme si une bride avait plombé curieusement celle-ci sous l’ère du CNRD depuis la prise du pouvoir.
Il faut en effet rappeler que, passé les premiers moments de la prise du pouvoir où’il était impérieux de justifier le bien fondé du coup de force ressenti comme une nécessité historique par le CNRD en quête de l’adhésion populaire, une charpe de plomb s’est progressivement abattue au fils des mois sur le pays et ses populations en terme d’informations politiques structurées.
Le pays s’est vu plongé dans les ténèbres obscurs d’un déficit chronique d’informations, pourtant nourritures essentielles indispensables à la conduite d’une Nation.
Cette situation à l’évidence a affecté dans une certaine mesure la cohésion sociale et la paix sociale. Elle jette en outre le discrédit sur les intentions et les actions de Refondation conduites par le gouvernement de la transition.
Au regard de ces interrogations légitimes dont il importe d’apporter des réponses claires, l’on comprend pourquoi, quelque soit la pertinence, la cohérence des objectifs des politiques publiques et quelque soit l’efficacité de leur mise en œuvre publiques, il est nécessaire et indispensable de les soutenir par une Politique de Communication Stratégique cohérente avec des spécialistes chevronnés.
Institutionnalisée, rationnalisée, systématisée et décentralisée, cette Politique devrait répondre dans ses détails à la nécessité d’information et d’éducation des populations et même des formations politiques dont l’accompagnement et l’appropriation sont précieux à la réussite du CNRD dans la conduite du pays.
Cette obligation incombe d’abord au Président du CNRD, ensuite pour l’essentiel aux départements dits de Souveraineté et des pools économiques qui ont la première responsabilité de l’élaboration et de l’exécution de ces politiques.
Tout doit être mis en œuvre dans ce sens pour garantir la pleine réussite de la refondation prônée et conduite par le CNRD dont l’échec précipiterait à jamais notre cher pays dans le chaos, dans l’abime du non développement socio-économique que chaque Guinéen patriote doit redouter quelque soit son bord politique.
Vive la Guinée!
Par Djigui Camara, ancien ministre de la Coopération internationale