En Tunisie, à l’appel de plusieurs associations, 200 personnes ont manifesté, vendredi 14 juillet, en soutien aux migrants dans le pays. Depuis la mort d’un Tunisien lundi 3 juillet à Sfax, dans le centre-est, après une altercation avec des migrants, les Subsahariens sont pris pour cible par la population. Dans le même temps, les autorités ont expulsé dans le désert des centaines d’exilés, dont des enfants, sans eau ni nourriture.
Dans les rues de Tunis vendredi 14 juillet, environ 200 personnes ont manifesté pour soutenir les migrants présents en Tunisie. « À bas le racisme, à bas le fascisme ! », pouvait-on lire sur certaines pancartes brandies par les manifestants.
Sadiaa Mosbah, présidente de l’association anti-raciste Mnemty, semble désespérée. Une marche de ce type avait déjà été organisée en février, après les propos polémiques du président Kaïs Saïed qui pourfendait l’immigration clandestine. Et depuis, tien n’a changé, bien au contraire. « La société civile est lassée. Mais, même si nous sommes fatigués, on continue le combat tant bien que mal », confie la militante.
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Romdhane Ben Amor, chargé de communication au Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), plaide de son côté pour une meilleure prise en charge des exilés et la fin de la stigmatisation des migrants. Il faut tenir un discours politique clair de solidarité avec les migrants, demander aux citoyens de les accueillir de leur louer des maisons. La deuxième chose, c’est que l’État doit se coordonner avec des agences onusiennes pour ouvrir des centres d’accueil dans les villes tunisiennes ».
« Nous sommes tous humains »
Dans la foule, Fabien Emmanuel, 23 ans, Camerounais, est venu avec d’autres migrants se joindre à la marche. « Nous aimerions que tout le monde comprenne que nous sommes tous humains, qu’il ne doit pas y avoir de différence entre la peau blanche et la peau noire ».
Cette marche intervient dans un contexte tendu en Tunisie. Depuis une dizaine de jours, les exilés sont pris pour cible par la population, notamment à Sfax, dans le centre-est du pays. Déjà délétère, le climat s’est un peu plus durci après la mort le 3 juillet d’un Tunisien, dans des affrontements avec des Subsahariens.
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Pendant plusieurs jours, de jeunes Tunisiens ont pillé et saccagé les maisons des migrants. Ces derniers ont aussi été agressés dans la rue, par des habitants munis de machettes et de bâtons.
Les exilés ont également été visés par les autorités. Des centaines de personnes, dont des femmes et des enfants, ont été raflés par la police, parqués dans des bus et abandonnés dans le désert à la frontière libyenne et algérienne. Ils survivent au milieu de nulle part, sous un soleil de plomb, sans accès à de l’eau ou de la nourriture.
rfi