Les autorités marocaines ont intercepté 75 Sénégalais au large de Dakhla, au Sahara occidental, a indiqué vendredi une source militaire. L’embarcation, partie le 12 août des côtes sénégalaises, essayait de rejoindre l’archipel espagnol des Canaries.
La marine marocaine a annoncé vendredi 18 août l’interception de 75 migrants dans l’Atlantique. Les exilés, tous originaires du Sénégal, ont été récupérés en mer la veille par les autorités au large de Dakhla, au Sahara occidental.
Ils ont « reçu les premiers soins, avant d’être remis à la gendarmerie royale afin d’effectuer les démarches administratives en vigueur », a précisé une source militaire à l’agence de presse marocaine MAP.
L’embarcation de fortune était partie le 12 août des côtes sénégalaises en direction de l’archipel espagnol des Canaries, distant d’environ 1 500 kilomètres.
Plus de 300 Subsahariens secourus en deux semaines
Cette opération porte à 328 le nombre d’exilés originaires d’Afrique subsaharienne ramenés sur les côtes marocaines depuis le 8 août, selon un bilan de l’AFP établi à partir de sources militaires marocaines.
Mercredi, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé que plus de 60 migrants sénégalais étaient présumés morts à bord d’une pirogue partie des côtes sénégalaises début juillet et retrouvée lundi 14 août au large du Cap-Vert.
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Quelques jours plus tôt, une unité de surveillance du littoral marocain avait intercepté une embarcation, transportant 130 exilés sénégalais, qui s’était échouée au niveau de Dakhla.
Par ailleurs, les garde-côtes marocains ont annoncé le 7 août avoir repêché cinq cadavres de Sénégalais au large de Guerguerat, au Sahara occidental, et porté secours à 189 autres migrants dont l’embarcation avait chaviré. Et mi-juillet, au moins 13 Sénégalais ont péri dans le naufrage de leur pirogue au large des côtes marocaines, selon les autorités locales sénégalaises.
Intensification des départs depuis le Sénégal
Les côtes sénégalaises voient une intensification des départs de pirogues depuis le début de l’été. En moins de trois mois, près de 17 embarcations ont quitté les rives du Sénégal, d’après Ahmadou Bamba Fall, coordonnateur de l’ONG sénégalaise « Village du migrant », joint par RFI.
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Cette augmentation s’explique par la situation économique du Sénégal. La crise du Covid, l’inflation et la raréfaction des ressources halieutiques minent la population, notamment les jeunes, qui ne voit d’autres perspectives que l’exil vers l’Europe.
« L’Espagne… On veut tous y aller, a confié à l’AFP Abdou, un Sénégalais d’une vingtaine d’années. Si une pirogue part, je saute tout de suite dedans. Il n’y a pas de travail ici, pas d’argent. L’unique solution, c’est l’Espagne ».
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Pour empêcher ses ressortissants de quitter le pays, le gouvernement sénégalais a présenté fin juillet un plan de lutte contre l’émigration irrégulière. Celui-ci, d’une durée de dix ans, doit passer notamment par un renforcement de l’accès à l’éducation et à la formation, un soutien à l’entrepreneuriat pour la création d’emplois, mais aussi par une meilleure gestion des frontières. Baptisé Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière (SNLMI), il prévoit, dans le détail, des mesures de gestion des frontières, de répression contre les convoyeurs, ainsi qu’une assistance au retour et à la réinsertion des migrants.
Avec infomigrants