L’essai, «Révélation du paysage démocratique de l’Afrique subsaharienne», que propose ici Thierno Mohamadou Diallo examine de manière approfondie les complexités de la démocratie dans la région, mettant au jour des récits cachés de manipulation dans les élections et les influences externes. Il aborde les contextes historiques, l’exploitation des ressources, les échos coloniaux et les défis liés à la réalisation d’un véritable progrès. Lisez !
Dans le vaste royaume de l’Afrique subsaharienne, l’exploration de la démocratie dévoile un impact multidimensionnel qui dépasse la simple compréhension de surface. Alors que la démocratie est souvent saluée comme un véhicule de progrès et d’autonomisation, son tissu complexe est entrelacé de fils historiques, politiques et économiques, qui révèlent parfois des récits cachés de manipulation. Cette analyse plonge dans les dynamiques nuancées qui façonnent la démocratie dans cette région, dévoilant le vernis des élections dans des pays tels que la Guinée et le Mali, où les échos du colonialisme jettent le doute sur l’authentique autodétermination.
Au cœur des principes démocratiques réside le rôle essentiel des élections, phare d’espoir et parfois source de désillusion en Afrique subsaharienne. Alors que les élections promettent une représentation équitable, elles peuvent également devenir des scènes d’influences externes secrètes pour orchestrer des résultats. La Guinée et le Mali se présentent comme des exemples parfaits de cette paradoxale situation, où les élections reflètent ostensiblement la voix du peuple mais servent fréquemment les intérêts extérieurs, compromettant ainsi l’intégrité du processus électoral.
En se penchant de plus près sur le panorama historique de la Guinée, on expose l’artifice de la démocratie, révélant des élections entachées de manipulation. L’accession au pouvoir d’Alpha Condé en Guinée a été marquée par un mélange de promesses, de manipulation et de désillusion finale. L’ascension de Condé peut être attribuée à son histoire d’acuité politique en tant que défenseur de la démocratie, et à sa capacité à se positionner en tant que figure unificatrice pendant une période de transition politique. L’élection présidentielle de 2020, qui a assuré le controversé troisième mandat de Condé, a été critiquée tant par les citoyens que par la communauté internationale. Le coup d’État militaire en septembre 2021, dirigé par le Colonel Mamady Doumbouya, a été une réponse directe à une mauvaise gestion perçue, au mépris des normes démocratiques et à la frustration publique envers le leadership de Condé.
La trajectoire du Mali, caractérisée par des aspirations démocratiques, met à nu la fragilité du processus. Les coups d’État militaires perturbent le rythme démocratique, mettant en évidence la vulnérabilité institutionnelle et créant un terrain fertile pour que les acteurs externes exploitent le chaos, éclipsant ainsi les véritables désirs des populations locales. Ces coups d’État, initialement des réponses à des problèmes de gouvernance, évoluent souvent en outils de manipulation opportuniste. Le contexte historique de la Sierra Leone révèle également la façade de la démocratie, exposant des élections entachées de manipulation. Cependant, l’élection présidentielle de 2018 a marqué un tournant crucial. L’interdiction constitutionnelle de Koroma de briguer un troisième mandat a conduit à la sélection de son successeur au sein du parti du Congrès de Tout le Peuple (APC). Ce processus de transition a exposé des divisions internes au sein du parti et révélé les défis liés au maintien de la cohésion et de l’unité du parti.
Parmi ces récits locaux complexes, le spectre du colonialisme reste omniprésent. Les anciennes puissances coloniales, collaborant souvent avec les élites locales, manipulent les résultats politiques à leurs propres fins. Cette manipulation transcende l’ingérence électorale et englobe l’exploitation des ressources, la présence militaire calculée et la promotion de relations de dépendance. Les échos persistants de l’impérialisme entravent l’authentique autodétermination, projetant des ombres sur la trajectoire de l’Afrique subsaharienne. L’histoire de la Libye de Mouammar Kadhafi sert d’exemple éloquent de la manière dont l’impérialisme déforme le progrès. Kadhafi, présentant une position anti-impérialiste, a su cultiver habilement son influence auprès des nations africaines voisines, illustrant la capacité des dirigeants régionaux à exploiter l’instabilité à des fins personnelles. De plus, l’audacieuse tentative de Kadhafi d’imposer une monnaie africaine unifiée et de défier la domination financière occidentale s’est heurtée à une opposition farouche de la part des puissances mondiales, révélant une série de contraintes étouffant l’authentique autodétermination africaine.
L’histoire de Thomas Sankara ajoute une couche poignante, illustrant la lutte, un désir de représentation authentique enchevêtré dans un réseau de motifs cachés. De plus, le récent coup d’État militaire au Burkina Faso ajoute une autre dimension à cette toile complexe, nous rappelant que la fragilité de la démocratie peut ouvrir la voie à une intervention militaire. En pleine conscience de cela, la menace imminente de l’influence de la France en Niger confronte le nouveau régime militaire qui a orchestré un coup d’État, renversant Mohamed Bazoum (un allié dévoué à la protection des intérêts français et à l’exploitation des ressources du pays), soulevant une appréhension significative quant à la souveraineté de la nation. La colonisation, les liens historiques et les intérêts posent des défis à la poursuite de la souveraineté du Niger, projetant une longue ombre sur ses aspirations démocratiques naissantes.
À l’inverse, les luttes de Sankara et de Mandela, bien que distinctes, se rejoignent pour révéler des fils communs dans la quête de la liberté politique et économique. Les deux leaders ont fait face à l’oppression systémique, à la fois interne et externe. L’accent mis par Sankara sur la souveraineté économique au Burkina Faso fait écho à la lutte de Mandela contre la complicité mondiale dans le régime d’apartheid en Afrique du Sud. Leurs héritages soulignent également les complexités du changement. Les efforts radicaux de Sankara ont rencontré la résistance des élites établies, reflétant le défi de Mandela à unir des factions diverses autour d’une cause commune. Les assassinats de Sankara et la libération ultérieure de Mandela mettent en lumière les obstacles et les sacrifices sur la voie de la libération.
La réponse mondiale à ces deux luttes souligne l’importance du soutien international pour dévoiler la manipulation néocoloniale. Le mouvement anti-apartheid a montré comment les actions collectives peuvent influencer un changement systémique, tandis que le rejet de l’aide par Sankara souligne la nécessité d’une autosuffisance économique. Dans le contexte plus large de la lutte pour l’indépendance, les héritages de Sankara et de Mandela illustrent les subtilités de la quête de l’authentique autodétermination en Afrique subsaharienne. Ces leaders visionnaires, chacun apportant un chapitre distinct à l’histoire du continent, illuminent les complexités de la démocratie, de l’influence externe et de la lutte persistante pour un véritable progrès. Leurs histoires enrichissent le récit de la révélation de la manipulation néocoloniale, ajoutant de la profondeur et du contexte à l’exploration des défis de développement de l’Afrique subsaharienne.
De plus, le concept de « Révélation de la Manipulation Néocoloniale » attire l’attention sur les agendas voilés et les dynamiques de pouvoir sous-jacentes aux interactions internationales, particulièrement dans les contextes d’aide et de développement. Le poème de Rudyard Kipling décrivant « Le Fardeau de l’Homme Blanc » reflète la mentalité coloniale du passé, justifiant la colonisation et l’intervention. Cette mentalité a perpétué l’exploitation et la subjugation. Les critiques de William Easterly et de Dambisa Moyo soulignent les doubles standards et les résultats limités de l’aide occidentale dans la promotion du développement africain. Le livre renommé d’Easterly, « Le Fardeau de l’Homme Blanc », met en lumière les inefficacités et le manque de responsabilité de l’aide descendante, tandis que « L’Aide Fatale » de Moyo souligne son potentiel à encourager la dépendance, plaidant en faveur de solutions économiques durables et d’investissements du secteur privé. La pauvreté persistante en Afrique suscite des critiques sur les motivations et les mécanismes de distribution de l’aide.
L’impact économique de l’exploitation historique ne peut être négligé, car il contribue aux défis rencontrés. Paul Collier et Jeffrey Sachs proposent des perspectives de développement divergentes. Le livre de Collier, « Le Milliard Pauvre », aborde les défis uniques des pays les plus pauvres, tandis que Sachs prône une coordination mondiale à travers les Objectifs du Millénaire pour le Développement et les Objectifs de Développement Durable. L’approche des capacités d’Amartya Sen met l’accent sur l’autonomisation des individus au-delà des indicateurs économiques. Son approche souligne que le développement ne doit pas être considéré comme une simple croissance économique, mais comme l’expansion des libertés substantielles des personnes. Ces libertés comprennent la capacité d’accéder à l’éducation, aux soins de santé, à la participation politique, aux opportunités sociales, et bien plus encore. L’objectif est de permettre aux individus de vivre des vies qu’ils ont des raisons de valoriser, plutôt que de simplement poursuivre une notion étroite de succès économique. Ces points de vue révèlent collectivement les héritages historiques, les dynamiques de pouvoir et les véritables intentions de l’aide en tant qu’éléments essentiels dans la formation du développement. Malgré les bonnes intentions, l’aide a perpétué la dépendance, nécessitant un changement vers des solutions durables menées localement.
Le voyage démocratique de l’Afrique subsaharienne nécessite de confronter les échos coloniaux, l’exploitation des ressources et les influences externes entravant une authentique autodétermination. En effet, de nombreux pays africains, marqués par une histoire d’exploitation coloniale, trouvent souvent nécessaire de dépendre de prêts externes pour soutenir leurs objectifs de développement. Cependant, cette dépendance aux financements extérieurs peut parfois un fardeau de dette insoutenable. Les termes de ces prêts, y compris les taux d’intérêt et les échéanciers de remboursement, peuvent aggraver la situation, piégeant potentiellement les pays dans un cycle de remboursement de dette.
En réponse à ces défis, les Présidents du Kenya et du Rwanda ont plaidé en faveur d’une approche globale. Ils soulignent : « Avant tout, il faut une plus grande transparence et une gestion responsable de nos pratiques d’emprunt. » Ils mettent en avant l’importance d’évaluer avec précision la capacité du pays à rembourser les prêts et de négocier des termes favorables et alignés sur les objectifs de développement de la nation. Les Présidents affirment : « Dans les cas où le fardeau devient écrasant, des mécanismes de restructuration et de soulagement de la dette devraient être explorés. » Ils indiquent que de telles mesures donneraient aux pays l’opportunité d’allouer plus de ressources à des projets de développement cruciaux.
« Cependant, nous devons aussi diversifier nos sources de financement », a déclaré le Président William Ruto du Kenya. Ils mettent en garde contre une dépendance excessive aux prêts extérieurs, car cela pourrait exposer les nations à des risques. Ils recommandent de se concentrer sur la mobilisation des ressources internes, d’attirer des investissements directs étrangers et de soutenir l’entrepreneuriat local comme des stratégies clés pour favoriser la croissance et le développement.
En conclusion, le paysage démocratique de l’Afrique subsaharienne ressemble à une symphonie de complexité. Les élections, bien que symboles d’espoir, peuvent occulter l’influence externe. Les ombres coloniales persistent, façonnant les récits des anciennes puissances. Le parcours de Thomas Sankara illustre la désillusion de la démocratie. Alors que l’Afrique affronte des défis internes et des échos coloniaux, le chemin vers l’autodétermination devient énigmatique. Ce paysage nécessite de dévoiler les motivations cachées, de favoriser un véritable progrès et d’atteindre un développement holistique.
Par Thierno Mohamadou Diallo, Enseignant-chercheur en Relations internationales & Anglais, Université Générale Lansana de Sonfonia–Conakry UGLC -S/C
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