l’exploitation des enfants à des fins lucratives est devenu un phénomène qui gagne du terrain dans la capitale guinéenne, selon le constat de notre correspondant.
Le phénomène consiste à aller chercher des jeunes enfants dont l’âge varie entre 13 et 17 ans au village pour les envoyer en ville avec le consentement de leurs familles. Ces dernières se font de l’argent en les confiant à des familles dans la capitale, souvent comme domestiques ou vendeurs à la sauvette.
Ces jeunes enfants sont aperçus dans les marchés ou sur les trottoirs en train de vendre de l’eau et d’autres articles. On les voit aussi dans certaines concessions faisant le ménage moyennant un salaire fixé de façon consensuelle.
Ces jeunes enfants, une fois rémunérés, transfèrent une partie de leurs gains à leurs familles restées au village.
Cependant, ces enfants sont souvent exposés à différentes formes de violence pendant leur travail, notamment des violences physiques ou sexuelles.
Interrogée par la rédaction de l’AGP, Fanta Camara, explique « moi, j’ai été envoyée à Conakry par mère pour que je puisse travailler et lui envoyer de l’argent chaque mois, moi, je suis femme de ménage, je prépare, fais la vaisselle et la lessive, et je m’occupe des enfants de mon patron.
Parfois s’ils viennent et que je n’ai pas fini mon travail, on me gronde ou on me frappe, je me lève tôt le matin et me couche tard la nuit et je travaille du lundi au dimanche, j’ai pas de repos avec tout ça je suis payée à trois cent mille (300 000) par mois, et l’argent là aussi, on le transfère à ma mère moi, je ne reçois rien sauf la nourriture que je mange »
Comme Fanta plusieurs enfants sont dans cette situation précaire, c’est le cas de Bintou condé qui nous parle de sa situation aussi : « moi, je vends de l’eau, je suis avec une femme que je ne connais même pas, je viens de Kanbaya, chaque matin, je sors vendre pour revenir à 18h, je peux vendre 3 à 4 paquets d’eau par jour, si le soleil est ardent, et sur chaque sac d’eau je peux avoir 10 000 fg comme bénéfice, à la fin du mois ma patronne envoie l’argent à ma maman, mais je ne connais pas la somme exacte transférée, même manger c’est un problème parfois, on mange qu’une seule fois par jour, nous vivons très difficilement quand j’appelle ma mère pour lui expliquer ce que je traverse ici en ville, elle me dit de patienter quand elle aura l’argent qu’elle cherche, je retournerai au village. »
Il faut dire que les marchés et les ménages sont remplis d’enfants venant du village qui viennent chercher du travail pour soutenir financièrement leurs familles au village.
AGP