La politique fiscale occupe la place intermédiaire entre la politique budgétaire et la technique fiscale. La politique fiscale commence là où la politique budgétaire finit. « La politique fiscale est l’étape intermédiaire du processus intellectuel qui aboutit à un impôt ». L’impôt est la matière avec laquelle existe sans confusion le pouvoir politique tout court.
En Guinée, la politique fiscale repose sur l’opacité depuis feu El-hadja Diallo Saïfouraye, (le premier ancien ministre des Finances du PDG-RDA), en passant par Mr Ibrahima Kassory FOFANA jusqu’à Mr Karfala YASSANE, Mr Mohamed DIARE, Ansoumane CONDE, Mohamed Lamine DOUMBOUYA, Ismaël DIOUBATE, jusqu’à Mr Moussa CISSE et Dr Lanciné CONDE.
Or, la Guinée est en faillite économique. 90% de la population sont au chômage. « Les retombées de la manne minière n’ont pas encore atteint le panier de la ménagère. Pis, les Guinéens ont le sentiment que leur pouvoir d’achat s’est érode depuis l’entrée de la démocratie (régime Alpha CONDE) et la transition militaire (régime le Colonel Mamadi DOUMBOUYA ».
Dans un pays de 14 millions d’habitants, près de 9 800 000 familles vivent avec moins de 75 dollars par mois, et un cinquième de la population dans la pauvreté. Un dixième du peuple, des corrompus et des incompétents, s’est emparé de neuf dixièmes des richesses du pays. Pourquoi tant de misère sur tant de richesses ? Comment expliquer soigneusement la politique fiscale aux dirigeants Guinéens qui tendent la main en permanence et qui dépendent le plus de l’étranger ?
Pour nous, notre analyse s’inscrit dans la dynamique de recherche des voies et moyens, capables de favoriser une mobilisation suffisante de recettes fiscales intérieures au profit du budget de l’Etat et des collectivités territoriales, la croissance économique et la lutte contre la pauvreté. Elle relève aussi de l’anticipation quant aux effets probables des accords commerciaux en cours, à venir et de l’impact futur de la politique fiscale intérieure directe sur les finances publiques en Guinée.
Dans le souci de donner une direction à notre étude d’analyse, deux hypothèses de départ ont été formulées :
-Hypothèse 1 : la mise en œuvre de la politique fiscale va entraîner une inversion des tendances entre les recettes fiscales douanières et les recettes fiscales intérieures de la Guinée.
-Hypothèse 2 : les moins-values des recettes de porte sont suffisamment compensées par les réformes de la fiscalité intérieure.
Le présent travail a pour objectif principal d’étudier l’impact des réformes fiscales initiées par l’Administration fiscale sur les recettes fiscales budgétaires de la Guinée. Cela passe nécessairement par certains objectifs secondaires qui sont :
-l’analyse de l’évolution des recettes fiscales guinéennes à l’épreuve des mesures fiscales, et la formulation à l’endroit de l’administration financière guinéenne, des propositions lui permettant d’améliorer ses performances en matière de mobilisation de recettes fiscales tout en se conformant aux exigences de la Communauté Internationale.
Pour atteindre lesdits objectifs, il a été jugé utile de s’appuyer essentiellement sur les statistiques fiscales de la période 1996 à 2023 et de procéder à la collecte et à l’analyse quantitative des données recueillies auprès des régies de recettes (DGI, DGD, DGTCP), à des entretiens avec les responsables desdites administrations, à une étude documentaire basée sur des mémoires, ouvrages et travaux divers et des recherches sur internet.
Dr BAH ALIOU, Inspecteur Principal des Impôts.