Plusieurs ONG présentes en mer Méditerranée ont lancé des opérations de sauvetage ces derniers jours. Près de 180 exilés sont actuellement à bord de l’Open Arms, tandis que le Geo Barents et le Louise Michel ont débarqué leurs passagers dans des ports italiens. De son côté, Giorgia Meloni, la cheffe du gouvernement, a menacé de ne plus autoriser les navires humanitaires – ne battant pas pavillon italien – à débarquer sur son sol.
La fin de l’été ne signe pas la fin des traversées. Ces derniers jours les navires humanitaires ont procédé à de nombreux sauvetages en mer Méditerranée centrale. Le navire espagnol Open Arms a secouru 178 migrants au total, au cours de 3 sauvetages différents. Le bateau se dirige actuellement vers le port de Gênes à 4 jours de navigation. La majorité des rescapés sont des soudanais et des syriens, dont des femmes et des enfants.
Les 61 personnes secourues jeudi 28 septembre par le navire humanitaire de Médecins sans frontières (MSF), Geo Barents, ont débarqué dans le port de Civitavecchia, au-dessus de Rome, dimanche 1er octobre. Les survivants restent traumatisés par la traversée. Un jeune garçon, Evan, a raconté que son bateau, parti de Sfax en Tunisie le 14 septembre, avait chaviré avec l’intégralité des personnes à bord. Seul rescapé parmi les hommes, les femmes et les bébés qui étaient avec lui, il a été secouru par une autre embarcation de migrants avant de monter sur le navire humanitaire.
« Tout le monde était tombé à l’eau, raconte-t-il. Nous avions des anneaux en caoutchouc noir pour nous retenir mais les vagues nous entraînaient loin les uns les autres. Au bout d’une ou deux heures, il faisait noir […] Puis J’ai commencé à voir des cadavres flotter […] Quand le soleil a commencé à se lever, j’ai commencé à nager […] J’ai continué à nager vers le soleil jusqu’à ce qu’un canot d’hommes soudanais me trouve et me sauve. Et puis [le Geo Barents] nous a trouvés quelques heures plus tard. »
Le canot sur lequel est monté Evan était en fer, comme de nombreuses embarcations mises à la mer par les passeurs à Sfax. Ce genre de bateaux est complètement inadapté à de telles traversées.
Enfin, le navire Louise Michel, battant pavillon allemand, a porté secours à 58 exilés, dont des enfants et des bébés, et les a débarqués à Pozzallo, en Sicile, samedi 29 septembre.
Rome reproche à Berlin d’aider les ONG en mer
Côté politique, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a menacé de ne plus autoriser ses ports aux navires humanitaires ne battant pas pavillon italien. Cette déclaration intervient alors que les Vingt-sept discutent actuellement du Pacte asile et immigration. L’Italie, via le dépôt d’un amendement, souhaiterait que les ONG en mer puissent déposer les migrants uniquement dans le pays dont le bateau bat pavillon.
« On ne peut pas jouer à la solidarité avec les frontières des autres », a-t-elle déclaré. Selon des informations rapportées par des médias italiens, l’amendement italien a été rejeté par les ministres de l’Intérieur réunis jeudi à huis clos à Bruxelles.
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Rome reproche à Berlin de financer plusieurs ONG de secours en Méditerranée, dont certaines opèrent sous pavillon allemand (dont le Louise Michel, Sea Eye, Mare Go, Rescue people, Sea Watch…).
Giorgia Meloni a écrit cette semaine au chancelier Olaf Scholz pour lui faire part de sa « stupéfaction » vis-à-vis des subventions de Berlin pour financer les ONG allemandes en mer. Le ministère allemand des Affaires étrangères avait confirmé qu’il allouait » sans surprise » entre 400 000 et 800 000 euros chacun à deux projets liés aux migrants, dans le cadre d’un programme approuvé par le Parlement allemand.
L’exécutif de Giorgia Meloni, arrivée au pouvoir il y a un an en défendant un programme résolument anti-migrants, estime que la présence de navires humanitaires en mer contribue à créer un appel d’air. Les ONG font valoir qu’elles récupèrent moins de 10% des personnes effectuant la dangereuse traversée, l’immense majorité arrivant soit par leurs propres moyens, soit en étant récupérés par les autorités italiennes.
Jusqu’à présent, en 2023, au moins 2 078 personnes sont mortes ou ont disparu en Méditerranée centrale, selon MSF.
Avec infomigrants