Le Président Ahmed Sékou Touré disait : « L’homme se juge par ce qu’il fait et par ce qu’il dit. Si ce qu’il dit est contraire à ce qu’il fait, on le juge alors par ce qu’il fait ». C’est cela l’évidence des évènements qui régulent la vie qui mettent souvent les hommes en face des actes qu’ils ont accomplis soit par émotion ou par raison. En conséquence on serait en droit de se demander alors, si le discours du5 septembre 2021 du colonel Mamadi Doumbouya a été fait sous le coup de l’émotion ou sous le coup de la raison. Le temps, juge suprême, a fini par prouver que ce discours relevait simplement de l’émotion de la prise du pouvoir et manquait de rationalité. « Vivant ou non, tout système qui fonctionne tend à s’user, à se dégrader, à gagner de l’entropie », a dit François Jacob. C’est pour cette raison que cette dichotomie constatée aujourd’hui dans la conduite de la transition prouve à suffisance la véracité de cette citation.
Très tôt les populations guinéennes ont été charmées par le discours du tout nouvel homme fort du pays. Sa jeunesse, l’immensité des promesses faites surtout celle relative à la justice ont conquis le cœur de nombreuses personnes. Mais, cet espoir n’a pas été long, il a cédé le pas au désespoir au regard des difficultés d’une véritable descente aux enfers. Thomas Mann dit : « Etre jeune, c’est être spontané, rester proche des sources de la vie, pouvoir se dresser et secouer les chaines d’une civilisation périmée, oser ce que d’autres n’ont pas eu le courage d’entreprendre ; en somme, se replonger dans l’élémentaire ». C’est justement cette jeunesse qui a séduit les guinéens au départ de cette transition. La plupart des hommes ont un moment dans leur vie où ils peuvent faire de grandes choses, c’est celui où rien ne leur semble impossible. Mais l’exercice du pouvoir étant très complexe, on découvre cela aisément quand le colonel a déclaré qu’il n’y a pas d’école d’expérience, il commettait ainsi une grosse erreur devenue aujourd’hui préjudiciable à la conduite de cette transition. La compétence sans autorité est aussi impuissante que l’autorité sans compétence.
Le choix de la jeunesse pour diriger les affaires de l’Etat a pris du plomb dans l’aile à cause justement de son inexpérience et de son incompétence. Au lieu de booster l’action gouvernementale, leur présence a cependant freiner l’élan habituel de l’administration guinéenne. Comme le dit l’autre, « l’Etat est, en pratique, un homme stupide d’âge mûr habitué à la flatterie, ossifié dans ses préjugés et entièrement inconscient de tout ce qui est vital dans la pensée de son époque ». Il y a des gens qu’on approuve dans le monde, qui n’ont pour tout mérite que les vices qui servent au commerce de la vie. Ils ne profitent d’aucune leçon parce qu’ils ne savent pas descendre jusqu’au général et qu’ils se figurent toujours se trouver en présence d’une expérience qui n’a pas de précédents dans le passé.
Il faut avoir le courage de reconnaitre l’échec lamentable de cette transition, qui peine à respecter ses promesses et s’enlise tous les jours dans l’arbitraire de l’injustice. La refondation, la moralisation de l’administration, la lutte contre l’enrichissement illicite, le népotisme et le détournement des deniers publics que la junte avait pourtant promis combattre sont devenus des pratiques plus marquées en son temps. La mouise, la débine et la dèche sont devenues le quotidien des guinéens qui sont confrontés à une insécurité indescriptible. La justice ne rassure plus car depuis plus d’un an, des citoyens sont arbitrairement incarcérés pour des faits non prouvés, et la seule explication plausible à cela est l’acharnement contre les anciens dignitaires du régime du Pr. Alpha Condé. Une véritable chasse aux sorcières, qu’on avait pourtant promis de ne pas livrer. Le temps est un grand maitre, dit-on. Le malheur est qu’il tue ses élèves. Toute société qui prétend assurer aux hommes la liberté, doit commencer par leur garantir l’existence.
Les récents évènements du 4 novembre 2023 prouvent à suffisance la faiblesse des services de renseignements et jette le doute sur l’efficacité des forces spéciales. Les images qui tournent en boucle sur la toile sont des témoignages éloquents de l’insécurité dans laquelle baigne le pays. L’administration tourne en rond, le népotisme et le clientélisme qui ont prévalu dans le choix des hommes, gangrènent aujourd’hui son fonctionnement. Il n’y a plus d’altruisme dans le pays, l’égocentrisme a pris le pas sur les bonnes actions. Le moi domine en toute chose, la morale et la vertu ont fui toutes les actions. On ne parle plus de résilience, mais d’indigence, de jour en jour le nombre de démunis croit, les mendiants deviennent de plus en plus nombreux dans les centres urbains. La chaine de charité qui jadis enlaçait les hommes s’est rompue à cause du gel de comptes des bienfaiteurs. La souffrance est telle que ceux qui hier ont acclamé cette junte ne tarissent pas aujourd’hui de malédictions et d’imprécations contre ces nouvelles autorités qui ont assombri leur horizon.
Les femmes sont désemparées devant l’ampleur de la cherté de vie, les fonctionnaires sont dépités par des contrôles infructueux du fichier de l’administration, les enseignants contractuels sont effarés par le manque de cœur des autorités de cette transition, la jeunesse est décontenancée par le manque d’initiatives pour la création de l’emploi. Rien ne marche dans cette transition qui s’offusque des critiques faites à son égard. Personne ne connait en vérité le degré d’exécution des points de la transition. On ne parle jamais des élections et même de ses préalables. Le CNRD entretient un flou immense sur cette transition et donne l’impression de vouloir d’un glissement de calendrier.
Colonel Mamadi Doumbouya s’est engagé à donner le bonheur aux guinéens, au jour d’aujourd’hui, il a compris qu’il n’est pas facile de diriger un Etat. Toutes les femmes, tous les jeunes, tous les travailleurs et tous les paysans de la Guinée, pleurent en son nom. La crise dans le système éducatif qui se caractérise par le manque d’enseignants, de mobiliers et de manuels scolaires perdure, le recrutement à la fonction publique devient un véritable casse-tête pour les jeunes diplômés en quête du premier emploi. Tout cela est sous l’autorité du président de la transition et, il a le devoir impérieux de donner suite aux attentes des populations.
Le cas Moussa Dadis Camara est une école pour tout guinéen. Le pouvoir est pour un temps et jamais pour tout le temps. La junte doit tout faire pour éviter les erreurs du passé. Le bras de fer qui s’invite aujourd’hui entre le syndicat et le gouvernement doit être circonscrit pour éviter les douloureux évènements de 2007. Le désespoir des guinéens est tellement immense que tous réclament aujourd’hui le retour du Pr. Alpha Condé car, c’est lui qui est sensible à leur condition de vie. Quand un homme ne tient pas ses promesses, il s’efface dans le cœur de ses semblables. C’est la raison pour laquelle la sagesse mandingue enseigne : « L’homme qui se fait couper comme un fromager, et choir comme une tige de gombo, sera ramassé comme fétu de paille ». Aujourd’hui, les guinéens ne vous font plus confiance et ils ont perdu tout l’espoir que votre arrivée a suscité en eux. Colonel Mamadi Doumbouya doit savoir que les populations qui l’ont accueilli dans la ferveur et l’allégresse, sont aujourd’hui celles qui demandent son départ.
Mais qui règne par les armes, périra par les armes en vérité en vérité !
Du n’importe quoi! Les guineens ne reclament pas du tout Alpha Conde qui est a la base de ce malheur qu’est Mamadi Doumbouya et son CNRD. Les guineens les rejetent ensemble, ce sont tous les deux des imlosteurs, des mediocres, des tueurs et laches aussi.